(Washington) L’autrice américaine à succès Alice Sebold a présenté mardi ses excuses à un homme qu’elle avait accusé de façon erronée de l’avoir violée, l’homme ayant passé 16 ans en prison avant d’être définitivement innocenté la semaine dernière.

« Je veux dire à Anthony Broadwater : je suis réellement désolée et je regrette profondément ce que vous avez enduré », a écrit Alice Sebold dans un billet sur le site Medium.

Condamné en 1982 alors qu’il ne cessait de clamer son innocence, Anthony Broadwater, 61 ans aujourd’hui, a passé 16 ans en prison avant d’être libéré en 1998.

PHOTO KATRINA TULLOCH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Anthony Broadwater (au centre)

Dans ses mémoires intitulés Lucky et publiés en 1999, Alice Sebold raconte avoir été violée en 1981 sur le campus de l’université de Syracuse, dans l’État de New York, où elle étudiait, et avoir rapporté l’agression à la police.

Anthony Broadwater avait été arrêté cinq mois plus tard après avoir croisé dans la rue Alice Sebold qui, croyant avoir reconnu son agresseur, avait alerté la police.

« Je suis désolée surtout du fait que la vie que vous auriez pu mener vous a été injustement volée, et je sais qu’aucune excuse ne peut ni ne pourra jamais changer ce qui vous est arrivé », poursuit l’autrice connue notamment pour La Nostalgie de l’ange.

« Je suis reconnaissante que M. Broadwater ait finalement été innocenté, mais le fait est qu’il est devenu il y a 40 ans un autre jeune homme noir maltraité par notre système judiciaire déficient », soutient-elle.

Anthony Broadwater a été innocenté le 23 novembre par la Cour suprême de l’État de New York.

Selon le New York Times, ses avocats, qui s’étaient attachés ces dernières années à faire reconnaître son innocence, ont argué que le verdict de culpabilité n’avait reposé que sur le fait qu’Alice Sebold avait reconnu M. Broadwater comme son agresseur et sur une technique d’identification criminelle aujourd’hui discréditée.

« J’espère et je prie simplement que peut-être Mme Sebold déclarera “j’ai commis une grave erreur” et me présentera ses excuses », avait déclaré Anthony Broadwater, cité la semaine dernière par le quotidien américain.

« Je compatis avec elle. Mais elle avait tort », a-t-il ajouté.