Annie Perreault poursuit son voyage vers les mers intérieures de la douleur dans Les grands espaces. Respectant l’esprit de son premier roman La femme de Valence, elle s’intéresse à trois autres fragiles femmes fuyantes dont l’instinct leur dit d’avancer malgré tout.

Le récit est davantage fragmenté dans ce livre choral où Anna tente la traversée insensée du majestueux lac Baïkal en plein hiver russe. De son côté, la jeune Américaine Eleonore Greenberg s’amourache follement de l’astronaute Youri Gagarine sans raison apparente. La narratrice, elle, intervient dans les autres récits en se préparant à courir le Baikal Ice Marathon.

La boucle est bouclée, pour ainsi dire, mais le mystère reste entier. Avec sa prose élégante, Annie Perreault laisse place à l’interprétation. Elle intercale avec finesse les divers fils narratifs pour tisser un portrait du courage au féminin. Des observateurs masculins interviennent aussi pour offrir un autre point de vue face au destin singulier de ces femmes qui souffrent.

Même si le procédé de la narratrice qui commente son propre livre paraît quelque peu plaqué au début, cette fenêtre ouvre au gré de la lecture encore d’autres possibilités de compréhension qui finissent par offrir un large panorama de la psyché féminine.

Annie Perreault est une exploratrice agréée de grands espaces fascinants. Des paysages froids et inquiétants, dont l’immensité avale toutes celles qui s’y avancent. Des lieux aussi souvent réconfortants qui permettent la joie lors de rencontres inespérées. Peu importe la destination, vivre c’est bouger, se déplacer, voyager vers l’autre et vers soi.

L’autrice Annie Perreault sera en séance de dédicaces les samedi 26 et dimanche 27 novembre. Elle participera aussi à Entretiens express : le voyage dans notre littérature le dimanche 27 novembre à 10 h.

Les grands espaces

Les grands espaces

Alto

246 pages

7/10