C’est un récit qui aurait pu être celui de la mère de Nina Bouraoui, une Française qui a épousé un Algérien qui étudiait en France et avec qui elle est allée vivre en Algérie. La narratrice, Michèle Akli, se questionne dans ses carnets, écrits à Alger à la fin des années 1970, sur l’avenir de son fils – devrait-elle l’envoyer en France lorsqu’il sera en âge d’entrer à l’université ? Quel pays et quelle nationalité choisir ?

Ces « photographies polaroïds » survolent le quotidien morne, à travers ses pensées, d’une femme que ses voisins surnomment « la Française triste ». Ses sentiments ont changé : envers ce pays qui deviendra un jour son « tombeau », envers cette vie dont elle ne veut plus, envers ce mari qu’elle n’aime plus comme au premier jour, envers ce fils dont elle jalouse la nouvelle amitié. Elle réfléchit à son rapport avec la féminité dans cette « capitale virile », ce lieu où, cachée derrière ses lunettes, ses chapeaux, ses vêtements amples, elle ne se sent plus femme ; mais aussi à la rivalité des mères, à l’échec de son couple comme la poursuite de l’échec de l’histoire de leurs deux pays. Pour se distraire de sa solitude et de son désœuvrement, elle s’invente des obsessions et s’y noie. Retenu parmi les finalistes du prix Femina, ce roman vaporeux de l’autrice d’Otages sonde avec audace les thèmes de l’identité, de l’exil et du rapport à soi dans une sorte de métaphore universelle sur l’impossibilité d’être en paix avec soi-même.

Satisfaction

Satisfaction

JC Lattès

288 pages

7/10