Christiane Lahaie est professeure à l’Université de Sherbrooke et directrice littéraire chez Lévesque éditeur. Au cours de sa carrière, elle a publié plusieurs romans, nouvelles et essais. Son plus récent roman, Zone 51, nous amène sur la route des souvenirs d’une femme qui manie l’autodérision et le sarcasme comme une arme contre la vacuité de son existence de fille de famille ultra-riche à qui rien ne réussit vraiment et qui est, de surcroît « franchement moche » avec son « nez épaté » et ses « yeux porcins ».

Ses parents n’attendent rien d’elle, sauf qu’elle obtienne un baccalauréat — elle choisira l’anthropologie. Plongeant 40 ans en arrière, elle revient sur ce passage de sa vie, annonce d’emblée une « confession » quant à la « disparition d’Olivia Solès ». Car avec Olivia et deux de ses amis d’université, Claude et Antoine, ils décideront, pour célébrer la fin de leurs études, de se rendre jusqu’à la fameuse Zone 51, à l’époque où les rumeurs sur l’existence d’une base secrète dans ce coin reculé du Nevada surgissaient.

Tous un peu hurluberlus à leur façon, mais portant en eux des failles qui se dévoileront peu à peu — surtout Olivia, personnage mystérieux qui n’a laissé comme trace qu’un carnet où sont consignés différents passages faisant allusion à la vie extraterrestre et autres phénomènes paranormaux —, les trois amis de la narratrice sont fascinés par les extraterrestres et les « preuves » de leur passage sur Terre. La narratrice, elle, n’y croit pas du tout, mais se lance « pour ne pas mourir d’insignifiance » dans ce road trip à travers les bleds perdus d’une Amérique désœuvrée, parcourant la mythique route 66 qui sillonne le Sud américain, de l’Illinois au Nevada en passant par le Texas. De plus en plus paumé, le quatuor s’enfonce dans ses tourments à mesure qu’il traverse bourgades sans âme et motels miteux. La quête — la rencontre du troisième type — sert plutôt de prétexte dans ce roman de mœurs où chaque personnage porte une part d’ombre et cherche à fuir quelque chose. Avec le ton cinglant et désabusé de la narratrice, Zone 51 est un récit divertissant, mais aussi sombre, sur les traumatismes qu’on porte et desquels on tente de s’évader en cherchant une réponse dans les étoiles.

Zone 51 Christiane Lahaie
Lévesque éditeur
168 pages