(Hong Kong) Les femmes ont porté une grande partie du fardeau de la guerre du Vietnam, mais leurs voix ont longtemps été absentes de la littérature traitant de cette période, regrette l’auteure vietnamienne Nguyen Phan Que Mai qui dit avoir voulu y remédier dans son nouveau roman.

« J’ai lu beaucoup de romans en anglais sur la guerre du Vietnam et la plupart ne reflète que le point de vue des hommes », explique dans un entretien à l’AFP Nguyen Phan Que Mai, poète et écrivaine vietnamienne.

Le Vietnam commémore en ce moment la chute de Saïgon, aujourd’hui appelée Ho Chi Minh ville, le 30 avril 1975, évènement qui a marqué la fin de la guerre et la réunification du pays.

Écrit du point de vue d’une grand-mère vietnamienne et de sa petite-fille, son nouveau roman The Mountains Sing retrace l’histoire de quatre générations au long du XXe siècle, depuis la période coloniale française jusqu’à nos jours en passant par la montée du communisme et la guerre avec les États-Unis.

« J’ai voulu raconter la guerre et l’histoire du Vietnam sous un autre angle, celui des Vietnamiennes », dit la romancière, car « les femmes sont celles qui portent le fardeau de la guerre ».

« J’ai grandi avec des femmes incroyables autour de moi », raconte-t-elle, « mon enfance a été remplie d’images de femmes qui attendaient le retour de leurs maris ou fils. Il n’y avait pratiquement aucun homme dans mon village et ce sont les femmes qui ont tenu la société à bout de bras, élevé les enfants et survécu ».

Née en 1973 dans le nord du pays, Que Mai a passé son enfance dans le sud après la guerre, quand son père, enseignant, y a été muté. La fracture entre le nord et le sud a subsisté bien après la réunification du 30 avril 1975, se souvient-elle.

Son roman, écrit en anglais et pas encore traduit en vietnamien, n’est pas une autobiographie.

Mais le livre est dédié à sa grand-mère, victime de la famine dans les années 1940, à son grand-père décédé lors de la politique de réforme agraire de 1955 et à son oncle, un ancien combattant de la guerre.

« J’ai voulu écrire ce livre pour la guérison et pour la paix et pour la réconciliation » conclut-elle.