Ça commence avec du sang et des cris au Capitole. Dès les premières lignes. « Le cauchemar américain moderne », écrit Neely Tucker, ancien correspondant de guerre et chroniqueur pour The Washington Post, reconverti en auteur de romans policiers dont le héros est en quelque sorte son alter ego.

Le journaliste Sully Carter, désormais affecté à Washington, se retrouve par hasard aux premières loges du carnage. Mais plutôt que de s’enfuir, il part à la recherche du tueur et réussit à l’apercevoir. Cette exclusivité lui permet de se lancer sur les traces du criminel, jusqu’au « trou perdu » de l’Oklahoma où il a grandi.

Sully, dont c’est la troisième enquête, n’a rien d’un enfant de chœur : irrévérencieux, jonglant avec un passé trouble, une consommation problématique de bourbon et des souvenirs traumatisants de la Bosnie, il fait penser à un genre de Harry Hole en version reporter.

On pourrait déplorer une traduction trop franchouillarde et un peu surannée du roman. Ou le fait qu’il semble parfois avoir été écrit pour Hollywood, avec des embûches spectaculaires desquelles le journaliste parvient à se tirer de façon tout aussi spectaculaire.

N’empêche, il ne faudrait pas pour autant se priver de plonger dans une enquête journalistique fort intéressante, qui nous entraîne des bas-fonds du Midwest à ceux de la capitale américaine.

★★★½

Seules les proies s’enfuient. Neely Tucker. Gallimard. 368 pages.