Une sélection nécessairement incomplète des 10 titres qui feront sans doute parler au cours des prochaines semaines.

Miroir de nos peines

Pierre Lemaitre
Albin Michel
En librairie

Il y a du Dumas chez Pierre Lemaitre, et il le prouve plus que jamais dans la conclusion de sa trilogie de l’entre-deux-guerres amorcée il y a sept ans avec Au revoir là-haut. Miroir de nos peines, qui se déroule en 1940 alors que l’armée allemande avance vers Paris et que des centaines de milliers de Français s’enfuient sur les routes, raconte plusieurs destins croisés pendant 530 pages de pure joie littéraire.
– Josée Lapointe, La Presse

Love Me Tender

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Constance Debré
Flammarion
En librairie

C’est dur, sec et c’est douloureux à lire. Constance Debré n’écrit pas pour séduire, mais bien pour raconter sa vérité. Et chez elle, toute vérité semble bonne à dire. Dans ce texte autobiographique, elle raconte sans fausse pudeur comment elle a perdu la garde de son fils après avoir affiché son homosexualité. Cette ex-avocate décrit avec justesse les dédales du système judiciaire qui la prive de ses droits parentaux, mais surtout, elle raconte la lente dissolution de la relation mère-fils avec, en toile de fond, ses aventures amoureuses sans lendemain. Très fort.

La loi du rêveur

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Daniel Pennac
Gallimard
22 janvier

Comment devient-on écrivain ? Pour Daniel Pennac — dans la tête de qui est né le coloré clan Malaussène — c’est un processus qui est arrivé très tôt, durant l’enfance. Il raconte le petit garçon de 10 ans aux rêves cinématographiques, influencé par un certain Federico Fellini. En puisant dans ses souvenirs, l’auteur de Comme un roman, aujourd’hui âgé de 75 ans, tisse un récit parfois fantastique pour expliquer d’où il vient. Ses fidèles lecteurs apprécieront.

Le consentement

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Vanessa Springora
Grasset
5 février

Le consentement a lancé la rentrée littéraire française 2020 avec un bang ! Il a également donné de la substance au mouvement #metoo en France, où il décolle moins vite qu’en Amérique du Nord. On a beaucoup parlé du silence de l’entourage de Vanessa Springora qui n’était qu’une toute jeune adolescente lorsqu’elle a été victime des sévices de Gabriel Matzneff. On a moins parlé de la qualité de ce texte, le premier de Springora. Souhaitons qu’au-delà de la douleur, on assiste aussi à la naissance d’une écrivaine.

Otages

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Nina Bouraoui
JC Lattès
5 février

Après le sublime Tous les hommes désirent naturellement savoir, Nina Bouraoui nous emmène complètement ailleurs avec ce texte en forme de monologue. Un long cri de désespoir et de souffrance émis par une femme de 53 ans que son mari a quittée sans crier gare. Travailleuse infatigable, mais usée à la corde, Sylvie bascule du côté sombre et quand les digues lâchent, tout y passe. Un peu moins incarné que son précédent, ce texte de Bouraoui fait écho au mouvement #metoo ainsi qu’à celui des gilets jaunes.

Papa

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Régis Jauffret
Seuil
2 février

D’un père absent et indifférent, Régis Jauffret fait un personnage de roman qui viendra combler les manques du petit garçon et de l’homme qu’il est devenu. Le romancier est tombé par hasard sur un film d’archives consacré au régime de Vichy. Il y reconnaît son père, sortant menotté de sa maison d’enfance, flanqué de deux gestapistes. Jauffret n’avait jamais entendu parler de cet épisode. Il faut dire que son père était muré dans le silence. C’est par la plume que son fils le réinvente. Touchant.

L’homme qui pleure de rire

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Frédéric Beigbeder
Grasset
12 février

Le milieu médiatique français attendait ce livre avec impatience. On savait que Beigbeder voulait régler ses comptes avec France Inter qui l’avait congédié après une chronique particulièrement ratée. Mais voilà, après Le consentement de Vanessa Springora, les dénonciations de Beigbeder semblent bien anodines. Et son silence dans l’affaire Matzneff, comme celui d’un certain milieu littéraire, passe plutôt mal. S’agit-il d’un roman ou plutôt d’un pamphlet pour Parisiens avertis ? Il reste que son livre n’en est pas moins bien écrit — comme tous ceux qu’il a publiés, d’ailleurs — et plutôt drôle pour qui fréquente les médias français.

La femme révélée

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Gaëlle Nohant
Grasset
12 février

Eliza Donneley, le personnage féminin imaginé par Gaëlle Nohant, a un petit quelque chose de Vivian Meier. Après avoir quitté mari et enfant à Chicago pour s’installer à Paris, elle emprunte une nouvelle identité et devient bonne d’enfant. Dans ses temps libres, comme Meier, elle arpente les rues et photographie les plus démunis. De retour à Chicago des années plus tard, elle découvrira un pays déchiré par le mouvement des droits civiques et la guerre du Vietnam. La femme révélée est finaliste au prix RTL-Lire et au Prix des romancières.

Pour Luky

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Aurélien Delsaux
Notabilia
Février

C’est avec beaucoup de tendresse qu’Aurélien Delsaux, qui a déjà enseigné aux jeunes et ça paraît, nous présente ses trois personnages. Trois adolescents attachants qui grandissent dans un HLM de région, sur fond d’inégalités sociales et d’injustices, petites et grandes. Mais tout n’est pas foutu tant qu’il y a l’amitié et un peu d’humanité. Et ce livre en est rempli.

La Golf blanche

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Charles Sitzenstuhl,
Gallimard
Février

Des familles sans histoires, ça n’existe pas. Même les plus banales cachent toujours quelque chose : un secret, une douleur. Dans La Golf blanche, c’est la violence du père qui terrorise tout le monde. Et c’est par l’écriture que le narrateur trouvera la force de s’en libérer. Il s’agit d’un premier roman pour Sitzenstuhl (actuel membre du cabinet du ministre de l’Économie et des Finances en France) et on devine que ce texte est autobiographique. Même si les deux livres sont fort différents, on pense un instant à Chienne de Marie-Pier Lafontaine. Dans les deux cas, on est face à des auteurs qui écrivent le traumatisme.