C’est un roman somme toute charmant, porté par une plume vive et tout en circonvolutions, que nous offre Sara Lazzaroni avec Plus grande que les maisons, son quatrième.

L’autrice met en scène dans ce court récit le personnage de Chloé, éternellement en questionnement sur l’existence et son sens, prise en deux feux : celui, ardent, qu’elle éprouve pour son amoureux Xavier, avec leurs corps brûlant de désir l’un pour l’autre, mais l’autre, potentiellement destructeur, qui la tient toujours sur un mince fil, prête à sombrer. « Tu veux vivre sur une corde raide […], lui dira une diseuse de bonne aventure. L’équilibre t’effraie. […] Es-tu sûre que tu ne fais pas exprès de tomber ? »

Vivant à Québec, le couple décide de déménager dans le Bas-Saint-Laurent, près de Rimouski, où Xavier a trouvé un emploi comme infirmier. Jeune traductrice, Chloé espère ainsi arriver à être autre, à se réinventer, à « devenir meilleure, plus équilibrée », adulte quoi, mais son passé, tel un Jimini Cricket sur son épaule, lui souffle à l’oreille que rien n’est si facile.

Nourrie aux Tolstoï, Dante et Camus, mais aussi à Plume Latraverse, son idole, elle rêve d’une vie plus grande que nature portée par la fulgurance de l’instant, et la routine l’effraie et lui pèse comme une tonne de briques, même si elle cherche par tous les moyens à l’apprivoiser. Alors qu’elle tente de se poser, les yeux plongés dans le fleuve, les étoiles et les grands espaces qui se déroulent à l’infini à l’horizon, elle passe le temps en fumant trop de cigarettes et en écrivant des lettres à son amie de toujours, Isis, réfléchissant aux vertus de l’amitié et de la solitude, effrayée de voir la passion amoureuse s’alanguir et son corps s’affadir. Plongeant dans ses souvenirs, réfléchissant sur son présent, se questionnant sur l’avenir, elle apprendra peu à peu à trouver le lien qui tisse les différentes parties de son être, à défaire le nœud qui l’empêche d’avancer. « Le relief de la distance, appliqué sur la platitude du concret », écrit-elle joliment.

Un roman introspectif et assez contemplatif, qui raconte sans trop tomber dans les clichés cette éternelle et universelle quête : celle de soi-même.