Eliza quitte son mari et son fils de 8 ans, ainsi qu’une vie très confortable, pour aller vivre à Paris. Nous sommes après la Seconde Guerre mondiale, dans un Paris marqué par la guerre, mais aussi en pleine renaissance.

Le quartier Saint-Germain-des-Prés bouillonne grâce aux artistes et aux intellectuels qui le fréquentent. C’est là que la jeune femme de 31 ans, qui a changé d’identité et s’appelle désormais Violet, pose ses valises. Appareil photo au cou, elle déambule dans les rues de la ville et capte les visages des gens qu’elle croise. Pour gagner sa vie, elle sera gardienne d’enfants. Elle découvre la précarité, mais elle vit intensément, tisse des liens et crée quelques amitiés profondes. L’histoire — fictive — de Violet n’est pas sans rappeler celle — vraie — de Vivian Meier. En entrevue au journal Le Monde, Gaëlle Nohant a d’ailleurs affirmé s’être passionnée pour le documentaire de Charlie Siskel et John Maloof consacré à la vie de la discrète photographe. Comme Meier, la Violet imaginée par Nohant reviendra à Chicago 20 ans plus tard. Elle souhaite retrouver son fils. Elle découvrira du même coup une société américaine en pleine révolution, bouleversée par la guerre du Viêtnam et le mouvement des droits civiques. Ce roman est un beau portrait d’une femme qui choisit la liberté au détriment du reste. C’est aussi une réflexion sur nos choix : a-t-on droit à une seconde chance lorsqu’on s’est trompé la première fois ? Et quel prix doit payer une artiste lorsqu’elle choisit l’art avant tout : la famille, les attentes de l’entourage, les obligations sociales ? Un peu comme dans La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Eliza alias Violet doit s’enfuir pour mieux se retrouver et exister. Comme femme et comme artiste. Tout en sachant que le prix à payer, pour soi et pour les autres, est élevé.

La femme révélée
Gaëlle Nohant
Grasset
★★★½