On pourrait croire que tout a été dit et écrit sur Sherlock Holmes, le plus célèbre des détectives britanniques. Force est de constater que non, puisque Cyril Lieron et Benoit Dahan nous arrivent avec une merveille d’album consacré à Holmes.

Dans la tête de Sherlock Holmes : génial, mon cher Watson !

IMAGE FOURNIE PAR ANKAMA ÉDITIONS

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Sherlock et son comparse, le Dr Watson, reçoivent, au 221B Baker Street, un médecin qui a été retrouvé complètement hébété dans les rues de Londres. Une clavicule cassée, chaussé d’une pantoufle de femme, le pauvre homme n’a aucun souvenir de ce qui s’est passé, si ce n’est qu’il a assisté au spectacle d’un étrange mage chinois plus tôt en soirée. L’occasion est trop tentante pour Holmes, qui décide d’élucider le mystère.

C’est ici que le génie des deux bédéistes se dévoile, puisqu’ils font littéralement entrer les lecteurs dans la tête du détective à pipe et à casquette. On suit ainsi les circonvolutions des déductions de Sherlock Holmes, amassant avec lui les indices pour résoudre cette enquête inédite, qui se déploie sur deux tomes.

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Dans la tête de Sherlock Holmes – L’Affaire du ticket scandaleux, tome 1, de Cyril Lieron et Benoit Dahan

L’illustrateur Benoit Dahan fait complètement éclater les codes de la bande dessinée avec des pages somptueuses, émaillées de plusieurs trouvailles graphiques souvent ludiques. Pour ne pas perdre les lecteurs dans les méandres de son récit, il a imaginé un fil rouge qu’on suit de case en case, parfois de bas et haut, parfois de droite à gauche. Un coup de cœur ? Non, un coup de foudre ! Dommage que cet album soit si court…

★★★★½

Dans la tête de Sherlock Holmes – L’Affaire du ticket scandaleux, tome 1, Cyril Lieron et Benoit Dahan, Ankama, 48 pages

Le château des animaux : les animaux ne sont pas tous égaux

Dans un château abandonné des hommes, les animaux ont formé une société dirigée d’un sabot de fer par Silvio, le taureau, et sa milice de chiens. Pour le soi-disant bien commun, les plus forts exploitent les plus faibles, ne craignant pas d’étouffer toute rébellion dans le sang. Comment survivre sous pareille dictature ? Une chatte craintive, un lapin gigolo et un rat plein de sagesse s’allieront pour prôner une résistance par le rire et la désobéissance…

Cette fable animalière, inspirée de La Ferme des animaux de George Orwell, révèle l’étendue du talent du dessinateur Félix Delep, qui signe ici son premier album. Son bestiaire est expressif au possible… Au scénario, Xavier Dorison (qui nous a donné Long John Silver, notamment) parvient à distiller ce qu’il faut d’humour pour donner un peu de légèreté à ce récit sombre, d’une actualité criante. Une très belle réussite que ce premier tome d’une série prévue en quatre volumes.

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Le château des animaux, de Félix Delep et de Xavier Dorison

★★★★

Le château des animaux, Félix Delep et Xavier Dorison, Casterman, 72 pages

Visa Transit : cap vers l’est…

Été 1986. À bord d’une Citroën Visa au bout du rouleau, le futur bédéiste Nicholas de Crécy et son cousin Guy décident de partir explorer l’Europe, aux limites de l’Asie, avec toute l’insouciance de leur jeunesse. À bord : peu de confort, mais une bibliothèque bien garnie de poésie qui les suivra de Paris à la Turquie.

Cet album évoque sans contredit L’usage du monde de Nicolas Bouvier et cette façon de voyager quasi révolue où rien n’était prévu, sauf l’imprévu, et où le temps semblait infini. Plus qu’un seul récit de road trip, le tome 1 de Visa Transit devient parfois prétexte pour relater le passé, faire quelques apartés, et pourquoi pas, imaginer la rencontre avec un poète décédé…

Avec son trait de crayon si particulier, de Crécy (Léon la Came et Le Bibendum céleste, notamment) nous offre des cases lumineuses et colorées qui, oui, donnent envie de tout plaquer pour partir à l’aventure.

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Visa Transit, Tome 1, de Nicolas de Crécy

★★★½

Visa Transit, Tome 1, Nicolas de Crécy, Gallimard, 136 pages

Un jour de plus : deuxième chance

La mort est un thème qui hante l’œuvre de Philippe Girard et on le comprend : plus jeune, le bédéiste de Québec a perdu son meilleur ami. L’auteur de Tuer Vélasquez (notamment) prend la mort à bras-le-corps avec son nouvel opus, Un jour de plus, publié chez Nouvelle Adresse, un éditeur de bandes dessinées tout neuf.

On y suit les péripéties de Marguerite, une octogénaire en fin de vie, et de sa petite-fille Karine, parties dans le Bas-Saint-Laurent pour tenter de faire la paix avec le passé. La mamie, voyez-vous, a obtenu un sursis d’une journée avant le grand départ et elle a des choses à régler… Ce récit fantastique ne manque pas d’humour ni de tendresse, même si certains fils narratifs sont un peu gros et certaines situations, un brin prévisibles.

IMAGE FOURNIE PAR NOUVELLE ADRESSE

Un jour de plus, de Philippe Girard

★★★

Un jour de plus, Philippe Girard, Nouvelle Adresse, 86 pages