D'abord, il y a le titre. Magnifique. Tellement que l'on médite dessus, longuement. Nous ne trahirons pas le poème. Et Rodney Saint-Éloi ne le trahit pas, il le transcende.

Dans ce recueil où la force de la nature côtoie la douleur des hommes, la mer gronde, tandis que s'élève « la complainte des rameurs ».

Images d'amants exilés, de migrants mourant sur la Méditerranée, de réfugiés qui ne savent pas « ce que veut dire le mot refuge »...

Le fondateur des éditions Mémoire d'encrier la réveille, cette mémoire, nous faisant entrer dans sa prose comme dans un « royaume avant la pluie ». L'averse survient, la secousse suit. Il y a là « la guerre qui fait la guerre », sans faire de câlins.

Il y a l'horizon, il y a l'espoir. Il y a la terre et la grêle et « les os du ciel ». Il y a les désastres. Mais surtout, il y a l'amour. L'humanité.

★★★★

Nous ne trahirons pas le poème. Rodney Saint-Éloi. Mémoire d'encrier. 120 pages.