Personne ne ressemble à Tomson Highway, l’un des auteurs les plus originaux et libres que nous ayons rencontrés dans la vie. Ce petit livre au titre très long est la traduction (à plusieurs égards !) d’une conférence qu’il a donnée en 2017 au centre d’artistes OBORO, à Montréal.

Dans son style particulier et son humour inimitable, Tomson Highway y fait l’éloge de l’apprentissage des langues, lui qui fait partie de ces enfants privilégiés de Joe et Pélagie Highway, parce qu’ils ont grandi avec trois langues autochtones (le cri, le déné et l’inuktitut) « aussi différentes les unes des autres que l’anglais l’est de l’arabe et du coréen ou que le français l’est du mandarin et du swahili ».

Depuis, il a ajouté à son arc le latin, le français, l’anglais, l’ojibwé, l’espagnol et l’allemand ! Ce qui lui permet d’affirmer (et on le croit) que le cri est la langue la plus drôle et la plus sexy du monde, tandis que les langues européennes « sont obsédées par la question du genre ».

« Les langues autochtones, en revanche, séparent le monde non pas en deux genres, mais entre ce qui est animé et ce qui est inanimé, autrement dit, entre ce qui possède une âme et ce qui n’en a pas. »

Pour Tomson Highway, « parler une seule langue, c’est comme vivre dans une maison avec une seule fenêtre ». On sort de ce petit livre en se trouvant peu ambitieux d’être seulement bilingue…

★★★½ Pour l’amour du multilinguisme – Une histoire d’une monstrueuse extravagance. Tomson Highway. Mémoire d’encrier. 65 pages.