La Révolution tranquille n’est pas un phénomène de génération spontanée. Sans se douter de ce qui allait se passer en 1960, quelques rares Canadiens français ayant atteint des postes décisionnels dans les décennies précédentes ont balisé des chemins qui ont modernisé le Québec, ouvert les esprits et permis à plus de Québécois d’accéder à une éducation de qualité.

Augustin Frigon est de ceux-là et mérite totalement la biographie qui lui est consacrée. Premier Canadien français à décrocher, à Paris, un doctorat en sciences, ce bâtisseur tranquille est tour à tour dirigeant de l’École polytechnique, membre de divers organismes (commission scolaire, Commission de l’électricité) puis directeur général de Radio-Canada.

Sur 40 ans, il voit à moderniser chacun des établissements où il passe. À Polytechnique, par exemple, il fait agrandir le laboratoire d’électricité (son domaine de spécialisation), cofonde une revue scientifique, modifie l’enseignement par notes à celui par manuel, obtient des bourses d’études à l’étranger, etc.

Son travail à la Commission de l’électricité ouvre la voie à celui de René Lévesque lorsqu’il a nationalisé cette ressource naturelle.

Pour aimer ce livre, il faut aussi aimer l’histoire des institutions, leurs structures, programmes et jeux de coulisses. Ce n’est pas très glamour, mais c’est fort pratique pour mieux comprendre d’où l’on vient.

★★★ Augustin Frigon — Sciences, techniques et radiodiffusion. Robert Gagnon et Pierre Frigon. Boréal. 248 pages.