Qui est la plus célèbre des chanteuses africaines vivantes? La Béninoise Angélique Kidjo. Bardée de prix internationaux, dont une paire de trophées Grammy, cette tornade sur pattes a accepté cordialement d'être la marraine des 27es Nuits d'Afrique de Montréal, qu'elle fréquente depuis les premières années de ce festival.

«Être marraine des Nuits d'Afrique, c'est l'occasion pour moi de réitérer cette valeur: quelles que soient les races, cultures, ethnies, les gens ne sont pas aussi différents qu'on le pense, confie l'artiste. Je suis fière d'être la marraine d'un festival qui présente des musiques de partout, qui laisse à ses participants la pleine liberté d'y chanter dans leur langue et leur style musical.»

Pour mieux connaître cette chanteuse née le 14 juillet 1960, Cancer ascendant Vierge parfaitement assumé, nous vous proposons son propre parcours en quatre villes ayant marqué son existence: Cotonou d'où elle vient, Paris où elle a vécu, New York où elle vit, Montréal où elle revient.

Cotonou

«C'est mon cordon ombilical. C'est là où je suis née, septième d'une famille de dix enfants [huit sont vivants], c'est là où j'ai commencé à courir, à faire des bêtises, à devenir l'Angélique que je suis aujourd'hui. C'est ma racine, ma famille, mon coeur, c'est tout! Ma mère y vit toujours; mon père y est décédé en 2008. [...] J'ai commencé ma carrière à Cotonou, mes parents m'y ont laissée faire ma musique... tout en étant les plus redoutables critiques que j'ai eus. Mes frères s'en mêlaient, me disaient «là tu as dégammé», ce qui signifiait que je n'avais pas chanté juste. Et ça me faisait mal! Je faisais tellement d'efforts... Ma carrière était une histoire familiale.»

Paris

«Je m'y suis installée à l'âge de 23 ans. Je suis devenue une grande fille à Paris, responsable de mes décisions et de mes erreurs. Il n'y avait plus de papa, maman, frères et soeurs. J'y ai rencontré mon mari, le musicien Jean Hebrail, il y a près de 26 ans. Notre fille Naïma est née à Paris; elle a aujourd'hui 20 ans. Et nous avons une maison là-bas, à Bonneuil-sur-Marne. Paris fut la ville où tout a commencé pour les artistes africains. Fondateur du magazine Actuel et de Radio Nova, feu Jean-François Bizot y avait imaginé le concept de sono mondiale. Il y avait une ébullition extraordinaire; j'y organisais des fêtes interminables dans mon petit studio, rue des Gravilliers.»

New York

«J'y réside depuis 1997. J'étais d'abord venue y travailler avec des auteurs-compositeurs américains. L'album Oremi fut enregistré à New York, puis je suis allée au Brésil pour Black Ivory Soul et à Cuba pour Oyaya! Durant la création de cette trilogie, notre famille est restée à New York. Mon mari avait décidé de se limiter au travail de studio et de devenir «mister mom». Nous avons quitté Manhattan à cause du bruit qui faisait paniquer notre fille; nous avons loué à Brooklyn pour finalement y acheter un appartement dans Park Slope. New York est cette base de laquelle je peux aller partout - récemment à Cotonou, par exemple, afin d'y enregistrer des voix de femmes pour mon prochain album qui sortira début 2014.»

Montréal

«Montréal m'a toujours fascinée pour la dévotion et la passion qu'ont les gens pour la musique, leur ouverture à tous les styles. Aussi, le public montréalais peut être assez froid pour vous faire sentir qu'il apprécie moins, et c'est très intéressant, car ça vous aide dans votre travail. C'est relativement petit, mais c'est un concentré de tout ce qui est bon dans une ville. Quand c'est trop grand, on perd de l'humanité, alors qu'on ressent cette humanité partout où l'on va à Montréal. La cuisine y est super, au restaurant comme chez mes amis.»

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Angélique Kidjo se produit demain, 21h45, au Village des Nuits d'Afrique, sur le parterre du Quartier des spectacles. Le concert est gratuit.