Ça fait longtemps que nous savons ce que le New York Times vient de découvrir, soit que C’est comme ça comme que je t’aime est une œuvre singulière, sulfureuse, insolente, intrigante et terriblement amusante.

Pile, poil (et moustache !) dans la lignée (de poudre !) des films de Quentin Tarantino et de l’univers éclaté des frères Joel et Ethan Coen dans Fargo. C’est à la fois super drôle, vraiment tragique et délicieusement nono.

La troisième et dernière saison, qui débarque vendredi sur l’Extra de Tou.tv, se déroule à l’été 1976 et ramène nos caïds de Sainte-Foy favoris, en plus d’une ribambelle de nouveaux personnages truculents ou violents, campés par Xavier Dolan, Robert Lepage, Catherine Trudeau, Yves Jacques, Patrick Hivon et Pier-Luc Funk. Mettons qu’il ne s’agit pas de débutants.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’équipe de C’est comme ça que je t’aime, présente lors d’un visionnement de presse, mardi

Rappel éclair, avant de plonger dans la piscine « hors terre » de Serge Paquette (Patrice Robitaille) : la deuxième saison de C’est comme ça que je t’aime se terminait en carnage complet, dans le champ de maïs où la lesbienne politique Marie-Josée (Sophie Desmarais) unissait sa destinée à celle de l’étrange Lucien (Jean-François Provençal), qui a péri dans les bras de sa douce après avoir combattu une violente érection.

Le premier épisode de la troisième saison reprend exactement à ces noces pourpres, où la mante religieuse Grazia (Charlotte Le Bon) kidnappait la petite Cécile, le bébé d’Huguette et Gaétan Delisle (Marilyn Castonguay et François Létourneau).

Le cri de rage poussé par Huguette a été entendu de Lac-Beauport à Lévis et fait maintenant partie des légendes criminelles.

Il paraît qu’en période de bon vent, on peut encore bien entendre ce hurlement terrifiant. « Comme si le cri continuait de voyager, prisonnier du vent et du temps, témoin éternel de la souffrance d’une mère qui pleure sa fille disparue. » Chapeau au scénariste François Létourneau pour cette ligne divine. Et chapeau à Marilyn Castonguay, magistrale dans la scène du miroir, vous comprendrez au visionnement.

Un an après le rapt de Cécile, l’Organisation d’Huguette Delisle ne brasse plus rien. La pègre de Montréal a neutralisé les Paquette-Delisle et garde un contrôle serré sur le territoire fidéen grâce aux quatre « chevaliers de l’apocalypse », aussi surnommés les sexistes, joués par Xavier Dolan, Pier-Luc Funk, Olivier Gervais-Courchesne et Mattis Savard-Verhoeven.

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Marilyn Castonguay dans le rôle de la caïd Huguette Delisle

Racistes et homophobes, ces quatre bandits en habits bruns s’assurent que Serge, Micheline (Karine Gonthier-Hyndman), Huguette, Gaétan et Marie-Josée ne trempent plus dans aucune combine hors-la-loi. Fini la prostitution, le Gland d’or, le Lucky Pussy et le commerce de la cocaïne. Mais pour combien de temps ?

Québec a toujours haï se faire dompter et dominer par Montréal, on le sait, et vous vous doutez qu’Huguette, en dormance meurtrière, se réveillera et rechargera sa carabine.

Direction : Montréal, où se déroulent les Jeux olympiques d’été et où habite le vilain de service de cette troisième saison, le « consigliere », un redoutable et élégant avocat interprété par Yves Jacques.

C’est également dans la métropole que vit l’un des méchants frères Lavoie (Patrick Hivon), inspiré des frères Dubois qui ont régné sur l’ouest de la ville pendant les années 1970. Bobby Lavoie exploite une discothèque branchée, où nos amis de Sainte-Foy vivront une nuit complètement folle.

Dans un magnifique contre-emploi, Robert Lepage incarne le maire de Sainte-Foy, Bernard Laporte, un macho fini qui organise le concours de Miss Sainte-Foy dans le seul et unique but de reluquer de belles filles et de mesurer leurs poitrines.

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Robert Lepage dans C’est comme ça que je t’aime

« Bring the meat », ordonne ce maire véreux à sa secrétaire (Joëlle Paré-Beaulieu) pour qu’elle lui envoie les candidates, entre deux parties du jeu vidéo Pong.

Quant à Catherine Trudeau, elle enfile les robes colorées de la pimpante Gysèle Truchon, l’animatrice de l’émission L’été à Québec du Canal 4.

En excluant tous ceux qui ont péri la saison dernière (RIP Gaétan 2), la majorité des personnages de C’est comme ça que je t’aime reviennent dans l’ultime saison, dont la voisine Anita (Catherine De Sève), Mario le curé (Patrick Drolet), Jeannine et Raymond (Chantal Fontaine et René Richard Cyr) ainsi que le policier Roland (Alexis Lefebvre), toujours en couple en Micheline-les-narines.

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Les acolytes François Létourneau (Gaétan) et Patrice Robitaille (Serge)

C’est comme ça que je t’aime regorge de détails charmants comme le Fun Dip de Martin, qui troque sa machine à coudre pour le ballet-jazz, les voitures d’époque (une Pinto, une Chevette !), les Cocoa Puffs, la fondue au fromage du restaurant La Tyrolienne et le brie, le summum du chic à Sainte-Foy, à l’été 1976. « Du brie, on se croirait à Versailles ! », s’extasie d’ailleurs une invitée au « vin et fromage » organisé par Huguette.

Il ne faut toutefois pas oublier la scène pivot de la série maintenant coréalisée par Patrice Robitaille et François Létourneau : celle où le voisin gigolo au gros pénis Claude (Sébastien Rajotte) découvre les quatre cadavres qui flottent dans la piscine des Delisle.

Nous voyons ce moment depuis le tout premier épisode, sorti il y a quatre ans. Qui sont les victimes de cette boucherie ? S’agit-il de Serge, Micheline, Huguette et Gaétan ? Si oui, qui les a tués ?

La réponse arrive au huitième épisode (il n’y en a que huit au lieu des dix habituels) alors que la bande de Sainte-Foy prend un dernier bain de minuit, et sûrement une autre crème de menthe.

Pour ceux qui engouffreront tous les épisodes vendredi, prière de conserver le secret. Faites-le pour Coco, pour Puff et pour toutes ces innocentes femmes qui ont répondu à l’ordre 1870 et qui sont tombées au combat, merci.