Eh là là ! disait en soupirant Martin Matte dans son troisième spectacle solo en 2018. J’ai eu la même réaction de découragement, jeudi soir, en visionnant le nouveau talk-show de cet humoriste pourtant brillant, drôle et sensible.

Comment Martin Matte, 53 ans, passe-t-il des Beaux malaises, une des meilleures comédies québécoises des 10 dernières années, à cette émission infusée de gags de pénis, de fellation, de vulve maganée par un accouchement de jumeaux et d’allusion à la sodomie ? C’est décevant, peu intéressant et vide. Ne manquait qu’une blague de Viagra pour compléter un bingo de mononcle.

Martin Matte est capable de transcender cet humour potache et vulgaire des années 1990, qu’Arnaud Soly et Virginie Fortin ont si habilement parodié au dernier Gala Les Olivier. Car Martin Matte a le talent et l’intelligence pour élever le niveau – assez bas – établi par Brasserie chez P.-A. dans cette même case horaire à TVA.

Le premier invité, Patrick Huard, très bon joueur, a passé un quart d’heure bizarre et décousu. Les Appendeux (Jean-François Provençal et Julien Corriveau) ont ridiculisé ses looks vestimentaires, ce fut rigolo, quoique longuet. Par contre, l’idée de bricoler « l’organigraine » de Patrick Huard, qui détaillait ses conquêtes et son passé sexuel, a été ratée et dépassée.

Renversons les rôles. Si une femme humoriste avait été assise devant lui, Martin Matte l’aurait-il quasiment traitée de « guidoune » ou de « fille facile » ? Bien sûr que non. Les auteurs de Martin Matte en direct l’ont échappé ici.

Là où Martin Matte a excellé, c’est pendant son monologue d’ouverture, qui s’apparente le plus à son métier principal, celui de la scène. Planté dans un magnifique décor de talk-show à l’américaine, il a livré quelques gags grinçants, remettant de l’avant son personnage de gars baveux et hyper confiant.

Puis, fausse bonne idée que d’inviter un faux Éric Salvail, pompier de métier, pour le questionner sur l’utilisation de son pénis (un thème récurrent, faut croire). Gros malaise.

Le problème avec la transition de Martin Matte vers l’animation, c’est que les gens assis dans le fauteuil de l’interviewé ne savent jamais s’il est sérieux ou s’il les niaise. Ce qui provoque des décalages et des flottements. L’entretien avec Patrick Huard a été ponctué de ces moments à mi-chemin entre le déconnage et la profondeur. Bonsoir la fluidité.

Évidemment, Martin Matte s’exécute en direct et son émission se bonifiera de jeudi en jeudi, on le souhaite. Qu’adviendra-t-il de la sitcom Le dernier lien, dont le premier miniépisode, malgré sa distribution bourrée de talent (Geneviève Schmidt, Isabel Richer), n’a pas déclenché de rires ? Faut remonter la barre. Ça presse.

Marc Labrèche maîtrise mieux cette forme d’humour absurde à l’émission Je viens vers toi de Noovo. Et Martin Matte gagnerait à s’inspirer de Marc Labrèche et à mieux utiliser son band, dirigé par Dumas, qui ne sert pas à grand-chose, jusqu’à présent.

Le segment le moins « flyé » de Martin Matte en direct, celui de la chronique de Katherine Levac, victime de problème de son, a été le plus efficace de la soirée. Comme quoi, ce n’est pas nécessaire de toujours déconstruire ou de réinventer le talk-show traditionnel pour capter notre attention.

Cela dit, la portion du télésouffleur, où l’invité lit une entrevue écrite à l’avance, regorge de potentiel comique. Il y a des choses rigolotes à en tirer et nous en avons obtenu un bref aperçu jeudi, avant que les « jokes de lesbiennes », de suçage et de couple gai avec Rambo Gauthier tirent les propos vers le bas.

Martin Matte, l’homme condamné à l’excellence dans le showbiz québécois, nous a habitués à beaucoup mieux. Pendant que les prix baissent chez son commanditaire Maxi, la facture de Martin Matte en direct, elle, doit remonter.

Le calme plat à OD, genre

La saison actuelle d’Occupation double a beau se dérouler en Espagne, il ne s’y passe rien de bien caliente. Même que c’est très ennuyeux comme début d’aventure. Dépouillée de bisbille, la téléréalité de Noovo perdrait-elle toute son essence ?

Dimanche soir, Marie-Andrée, l’infirmière clinicienne de 26 ans, a annoncé à son menuisier Anthony, 27 ans, que son consentement ne « serait disponible » qu’à la quatrième semaine.

La travailleuse sociale Rebecca, 26 ans, a averti son prétendant Mathieu Pasta, 24 ans, qu’elle ne l’embrasserait pas avant le troisième rendez-vous. Et l’étudiante en psychologie de 24 ans Marilyne a admis être trop gênée pour donner un bec à Antoine, 31 ans, devant les caméras.

Cette ambiance chaste et amicale plaît assurément aux commanditaires, allergiques aux controverses, mais ne débouche pas sur des épisodes croustillants. Comment ramener du piquant dans OD sans recréer le climat malsain de l’automne dernier ? La production n’a visiblement pas trouvé le dosage idéal.

La seule constante d’Occupation double Andalousie, c’est l’usage abusif que les célibataires font du mot « genre ». C’est insupportable. Et une fois qu’on l’a remarqué, ça devient limite agressant.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Les candidates d’OD Andalousie

Voici Léa, étudiante en pharmacologie de 21 ans, à propos de Sami, médecin de famille de 27 ans : « Sami, y’est surprenant, genre. Je le trouve beau, genre. Y’a des genres de petites taches de rousseur. »

En activité de yoga avec ce même Sami, Marilyne s’est inquiétée : « J’essayais de pas péter, genre pète pas, Marilyne, pète pas ! »

Parmi les autres perles de la semaine, allons-y avec Marie-Andrée, qui a affirmé, avant le party des mariés, que sa relation avec Anthony n’était pas « calée dans le béton ».

L’autre charpentier-menuisier de la cuvée 2023, Vincent, 26 ans, de Longueuil, s’est rappelé, après son atelier artistique de type Picasso, qu’une de ses anciennes fréquentations peignait. Non, on dit « peinturait », a répliqué le directeur financier Mathieu Pasta, appuyé par le restaurateur Antoine.

Le bon Vincent a protesté, avec raison, mais Mathieu Pasta a renchéri : « Non, gros. Peignait, c’est pour les cheveux, tu peignes les cheveux, mais tu peintures », a-t-il ajouté avec toute la confiance du monde.

Mathieu Pasta a aussi lâché un « wow, c’est rare » quand Rebecca lui a confié qu’elle s’informait et qu’elle votait à toutes les élections.

C’est genre tellement OD comme réponse, genre.