« Bon. Qu’est-ce qu’ils veulent savoir ? » Martin Matte vient d’attraper son café. L’humoriste, acteur, auteur et nouvellement animateur de talk-show s’apprête à répondre aux questions des lecteurs. Croit-il connaître la plus populaire d’entre toutes, celle que La Presse a reçue en plusieurs exemplaires ? « Je n’en ai aucune idée… » Voici ce que vous avez toujours voulu savoir sur Martin Matte.

« Il y a sûrement 1000 questions comme la mienne, mais prévoyez-vous une autre suite aux Beaux malaises ? » – Isabelle Levasseur

« Oui. Mais pas tout de suite. Pour l’instant, le talk-show [Martin Matte en direct, les jeudis 20 h à TVA] prend tout mon temps. C’est mur à mur depuis plusieurs mois. Après, je vais retomber en écriture. Je vais continuer d’écrire une série télé que j’avais mise de côté. Parce que c’est un projet en négociations, c’est tout ce que je peux dire là-dessus. J’ai fait trois saisons des Beaux malaises et, cinq ans plus tard, je suis revenu avec Les beaux malaises 2.0. Dans quelques années, je pourrais faire Les beaux malaises 3.0 pour montrer où sont rendus les personnages, leurs enfants qui vieillissent… Ça pourrait être un film, mais je trouve qu’il y a plus de potentiel en série télé. Je sens que j’aurais plus de liberté en écrivant 10 demi-heures. »

PHOTO FOURNIE PAR TVA

Les beaux malaises

« Dans sa carrière, Martin Matte a choisi d’utiliser le personnage du gars “au-dessus de ses affaires” et un peu fendant. Comment en est-il venu à décider d’utiliser ce procédé dans son humour et pourquoi ? » — Annie

« C’est quelque chose qui était près de moi. Je m’en servais autour d’une table pour faire rire mes amis. Ce n’était pas comme : “Ah tiens, je vais essayer cette technique !” À l’École de l’humour, quand j’ai voulu faire un numéro comme ça, on m’a dit : “Ouf… Ce n’est pas quelque chose qui risque d’attirer la sympathie des gens.” Cette réaction m’a plus excité qu’autre chose. La première fois que je l’ai essayé, c’était à la Maison des arts de Laval. J’avais écrit le numéro, je l’avais mis dans mon tiroir pendant des mois. J’en avais parlé à Christian Bégin, mon metteur en scène. Il avait trouvé ça très bon, très audacieux. Mais j’en tremblais. Puis les gens se sont mis à rire dans la salle, et je me suis dit : “Ah ben câline ! Ils comprennent.” Il y a quelques personnes qui n’ont pas compris le deuxième degré quand je disais qu’Yvon Deschamps n’était pas très bon. »

« Tu maîtrises la langue française. C’est un de tes outils. Comment on inspire aux prochaines générations à en être fières et à en prendre soin ? » — Alexandre Joyce

« La langue française a toujours été un souci important pour moi. Mais je n’irais pas jusqu’à dire que j’essaie d’inspirer les prochaines générations. Je travaille beaucoup, beaucoup à trouver le mot juste. Dans le temps, j’avais des dictionnaires des synonymes. Aujourd’hui, avec l’internet, j’ai autre chose. Quand j’étais à l’École de l’humour, je faisais beaucoup de fautes de français. Ça m’énervait. À 26 ans, j’ai suivi des cours privés pour améliorer mon français. Parce que je suis fier de notre langue. Je n’avais pas envie de faire de grosses fautes à la télé, comme on en entend parfois. Je n’ai jamais trouvé ça beau. »

« Pierre Brassard… yé tu drôle ? » — Pierre Brassard

« Ça, c’est très, très drôle ! Je répondrais oui. Pierre, c’est un chum de très, très longue date. Dans Les beaux malaises, j’avais écrit une scène dans laquelle une fille me demandait : “Pierre Brassard… yé tu drôle ?” Puis je punchais en disant : “François Avard, c’est-tu vrai qu’il sent la pisse ?” C’était un clin d’œil à mes amis. Mais un an plus tard, j’avais appris que ça avait bien angoissé Pierre. Il n’était pas sûr si c’était une blague, si c’était de l’ironie, si c’était vrai… Je lui ai dit : “Voyons, Pierre ! Je t’ai toujours trouvé drôle !” Dans la vie, il y a du monde que tu rencontres et il y a une complicité instantanée. Avec Pierre, c’est ça. On s’est connus sur Caméra café. On a un humour très différent, mais on s’est toujours beaucoup fait rire, l’un et l’autre. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Pierre Brassard et Martin Matte sur le plateau de Caméra café, en 2009

« À quel moment de sa vie a-t-il décidé de devenir humoriste ? Avait-il un plan B ? » — Maria da Ponte

« Ça s’est fait tard, comparativement à d’autres humoristes avec qui j’étais à l’École nationale de l’humour. J’étais drôle, mais je ne pensais pas du tout faire ce métier-là, parce que dans mon milieu, dans ma famille, ce n’était pas très encouragé. On allait voir très peu de spectacles. J’avais fini mon université à 23 ans. Ça bouillait en moi, mais je ne savais pas comment commencer. J’ai su que l’École de l’humour existait en regardant une émission de Claire Lamarche. C’est là que j’ai fait : “Ah ben, je pourrais lâcher ma job, aller étudier là.” Quand j’ai annoncé à mon père que je quittais l’entreprise pour m’en aller en humour, ç’a été un gros, gros drame. Je m’en souviens très bien. Pour mon père, j’allais crever de faim et mourir, alors qu’avec ma mère, c’était : “Vis ton rêve ! Au pire, tu iras retravailler pour ton père après.” Ça m’avait insulté. Parce que pour moi, j’allais réussir en humour. Je suis donc vraiment parti sans filet, sans plan B. J’étais très déterminé. »

« Est-ce qu’il y a une personne qui vous impressionne et que vous seriez intimidé de rencontrer ? Si oui, laquelle ? » — Francine Trudeau

« Je dirais sûrement Francine Trudeau. Je ne peux pas répondre Yvon Deschamps parce qu’on se connaît. Mais c’est quelqu’un qui m’impressionne beaucoup. Quand j’étais jeune, j’étais fan de U2. Peut-être que je serais impressionné de rencontrer Bono. Et Barack Obama, pour son éloquence. Je dirais donc, dans l’ordre, Francine, Bono et Barack Obama. »