Droguée par son fils machiavélique, l’élégante Victoria Dumont (Nathalie Coupal) aboutira-t-elle à l’hôpital psychiatrique, complètement timbrée, déboussolée et saucissonnée dans une camisole blanche ?

Le concierge tombeur Olivier (Olivier Gervais-Courchesne) choisira-t-il la directrice fugitive Sarah (Marie-Evelyne Lessard) ou la pétillante reine du marketing Karine (Catherine Chabot) ?

Et notre vaillant Emerick (Xavier Rivard-Désy) achètera-t-il enfin ses maudits couteaux japonais ?

Hélas, nous ne le saurons jamais. TVA a diffusé jeudi soir le 24e et ultime épisode de son téléroman Hôtel, qui ne rouvrira pas ses portes à l’automne. C’est terminado, kapout, mes amis, ameches, amigos and friends.

La finale brusque et ouverte d’Hôtel a abandonné ses fidèles (moyenne de 811 000 cet hiver, c’est beaucoup) sur une patte et un paquet d’intrigues non résolues. C’est toujours fâchant quand le tapis glisse sous les pieds d’une série dans laquelle nous avons investi des dizaines d’heures.

Avec son air vintage de feuilleton savon d’après-midi, Hôtel a été élaboré et construit pour accueillir des clients pendant plusieurs saisons. TVA l’a cependant débranché en novembre, alors que le tournage des 24 premiers épisodes était bouclé. Les auteures n’ont donc pas pu réécrire une conclusion satisfaisante pour leurs accros.

Vous avez été nombreux à décrier cette décision brutale, mais irréversible, de TVA : « Qu’est-ce qui leur prend d’annuler cette série pleine de rebondissements qui nous font rire, aimer et haïr ? C’était une perle de légèreté et de bonheur », m’écrit une fan d’Hôtel, Josée L.

C’est vrai que dans cette nuée d’émissions ultraviolentes, Hôtel se déployait sans nécessiter de traumavertissement. Personne n’y est mort dans une tente de sudation – comme dans STAT et Indéfendable – ou décapité dans un entrepôt aux murs recouverts de pellicule plastique.

Hôtel, c’était un soap léger et assumé avec des personnages qui s’envient, s’enfoncent et planifient la chute de leurs ennemis en buvant de l’alcool cher. Le personnage principal du téléroman, le fourbe Guillaume Dumont (Emmanuel Schwartz), aurait pu apparaître dans Dynasty/Dallas avec ses tactiques très rétro pour reprendre le contrôle du « luxueux » hôtel-boutique de sa famille.

Le vilain Guillaume a même tenté, avec l’aide du perfide Simon-Luc (Frédéric Boudreault), de faire déclarer inapte sa riche maman, en plus de l’empoisonner à son insu.

La pétition en ligne pour sauver Hôtel de la guillotine dépasse maintenant les 10 000 signatures. Malheureusement, les plaintes n’ont pas trouvé écho à TVA.

« Cette pétition fait chaud au cœur, à mon équipe et moi. La série a bien fonctionné et ça nous prouve qu’on ne s’est pas trompé. On a été arrêté pour des raisons financières. Rendu là, on ne peut rien faire. Une fois que la décision est prise, c’est difficile de la faire renverser », indique la productrice d’Hôtel, Sophie Deschênes, de chez Sovimage.

L’immense décor du téléroman a donc été démantelé et les textes des six épisodes de la deuxième saison, envoyés au recyclage. TVA n’a pas répondu à ma demande d’entrevue à propos de la disparition d’Hôtel.

Histoires de Cœur de trucker

Le titre de cette téléréalité de la chaîne Unis TV est génial. Tout en nous vissant le classique de Julien Clerc dans le coco, il nous résume efficacement le contenu des dix épisodes à venir : trois camionneurs et une camionneuse célibataires y cherchent l’âme sœur, entre deux voyages sur les autoroutes du Canada.

Pensez à L’amour est dans le pré, mais en format 18 roues, avec banjo et harmonica en fond sonore. Ça commence jeudi à 21 h sur Unis TV.

Des quatre participants, vous reconnaîtrez Dominique, 50 ans, de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il a participé à La voix dans l’équipe de Marjo cet hiver. C’est le beau bonhomme du quatuor.

Originaire de Saint-Damase, Jonathan, 28 ans, combine les métiers d’agriculteur et de camionneur, en plus de jouer au hockey-balle et de chauffer le barbecue pour ses amis. Coraly, 21 ans, de Lac-Mégantic, conduit son monstre depuis près de quatre ans. Elle ne cherche pas un gars indépendant, oh non, mais un homme propre qui aime « vacher » sur le divan.

Junior, 42 ans, de Sainte-Sophie, conduit le même bolide que Sylvester Stallone dans le film Bras de fer et il adore la danse country. Bref, les profils des candidats de Cœur de trucker ressemblent à ceux de L’amour est dans le pré.

À l’animation, l’humoriste P-A Méthot se tire bien d’affaire. Il met les concurrents à l’aise et pose des questions pertinentes sur ce travail plutôt méconnu.

Par contre, l’univers du camionnage débarque avec un langage truffé de mots et d’expressions en anglais, qui irriteront les oreilles des puristes. Un flat bed, bender la sling, pinner la remorque, donner du choke ou tinker son truck, l’Office québécois de la langue française ne s’en remettra pas.

J’ai trouvé les épisodes de Cœur de trucker trop longs. Ça mémère et ça placote pour peu de résultats concluants. En format de 30 minutes, ç’aurait été plus efficace et captivant.

Cela dit, c’est quoi, 30 minutes de trop quand on cherche la personne pour faire un long bout de chemin sur le highway du cœur, hein ?