Si Jean Paul Riopelle (1923-2002) s’était fait un nom au sein de l’univers artistique parisien à partir des années 1950, son étoile avait fini par un peu pâlir, faute de galeriste dans la capitale française. Les célébrations de son centenaire de naissance sont l’occasion de le faire redécouvrir ou découvrir par les nouvelles générations. Aussi, c’est en grande pompe que les activités qui lui seront consacrées en 2023-2024 en France sont annoncées ce mercredi matin au Centre culturel canadien, à Paris.
Le clou de ces annonces est sans nul doute l’exposition, du 1er juillet au 17 novembre prochain, de quelque 180 œuvres de Riopelle à la Fondation Maeght, située à Saint-Paul-de-Vence, dans le sud de la France. C’est là qu’à la fin des années 1960, Riopelle avait imaginé la création d’une fondation à l’image de celle créée par Marguerite et Aimé Maeght, qui l’ont représenté et aidé pendant de nombreuses années.
Yseult Riopelle, une des deux filles de l’artiste, est la commissaire de Jean Paul Riopelle – Parfums d’ateliers, qui mettra de l’avant des œuvres de médiums variés créées des deux côtés de l’Atlantique. L’exposition sera accompagnée d’une programmation consacrée à Riopelle. Avec des concerts, des films en plein air – notamment des documentaires en collaboration avec le Festival international du film sur l’art –, des ateliers pour enfants et un spectacle de danse contemporaine, Passages, du danseur et chorégraphe français Noé Soulier, qui sera présenté dans les décors que Riopelle avait conçus pour Merce Cunningham en 1967.
« Nous allons exposer les collages, les pastels, les fusains, les sanguines, les tapisseries et même les jeux de ficelles (!), des œuvres peu connues en Europe, dit Yseult Riopelle. C’est donc sous un nouveau jour que le public sera appelé à découvrir ou redécouvrir l’œuvre de Riopelle à travers cette exposition. »
Quarante-deux ans après la dernière expo de Riopelle au Centre Pompidou, le musée mettra l’artiste montréalais en vedette à la fin de cette année avec plusieurs des peintures lui appartenant. Telles que Chevreuse (1954), La Mi-été chez Georges (1973) ou encore Mitchikanabikong (1975). S’ajouteront quatre œuvres sur papier, dont le monumental Feu vert (1960), des œuvres d’autres collections publiques et privées, ainsi que quelques-unes précédemment exposées à la Fondation Maeght. Le commissariat sera signé Christian Briend, conservateur au Musée national d’art moderne et chef du service des collections modernes.
« Comme on le fait à travers le Canada, cette exposition à Pompidou mènera probablement ensuite à des collaborations avec d’autres institutions en France, dit Manon Gauthier, directrice générale de la Fondation Riopelle. Cela permettra d’assurer une circulation optimale des corpus d’œuvres de Jean Paul Riopelle. »
Programmation spéciale
Autre collaboration majeure, la Fondation Riopelle s’est associée à la chaîne de télévision de la francophonie TV5Monde, diffuseur officiel des célébrations de Riopelle à l’échelle mondiale. La chaîne culturelle va lancer une campagne de promotion de l’évènement et une programmation spéciale. Cette dernière comprendra des entrevues à l’émission L’invité et trois émissions d’une heure tournées à la Fondation Maeght et diffusées dans le cadre du programme 400 millions de critiques. TV5Monde diffusera aussi sur son site internet les courts métrages de Riopelle en courts.
« Célébrer Riopelle à travers la francophonie répond à une volonté de la Fondation Riopelle de tenir compte du fait que Jean Paul Riopelle rayonne dans la francophonie, mais aussi de faire en sorte que les célébrations qui ont lieu et auront lieu au Canada et en France soient connues partout où TV5Monde est diffusé, soit dans 198 pays et 421 millions de foyers », indique Manon Gauthier.
Un second volet européen des célébrations, pour la période 2024-2025, sera annoncé ultérieurement. Il comprendra des expos et des spectacles. Ce volet précédera l’inauguration (fin 2025-début 2026) du nouvel Espace Riopelle qui sera construit au Musée national des beaux-arts du Québec, sur les plaines d’Abraham.
« L’Espace Riopelle sera le point culminant des célébrations, explique Manon Gauthier. Ce sera une vitrine internationale qui fera rayonner le legs de Jean Paul Riopelle mais aussi le Québec. Après ces activités en Europe et la création de l’Espace Riopelle, il y a fort à parier que les galeries, collectionneurs, historiens d’art, musées et autres partenaires culturels manifesteront un intérêt, eux aussi, à se joindre aux célébrations. »