(Montréal) Les musées de la province ont connu une baisse moyenne des entrées de 55 % en 2021 comparativement à la normale prépandémie, selon une enquête de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Le rapport diffusé mercredi par l’Observatoire de la culture et des communications de l’ISQ révèle que 6,8 millions de visiteurs ont fréquenté une institution muséale au Québec en 2021, soit une augmentation de 72 % par rapport aux 3,9 millions d’entrées de l’année précédente.

Malgré cette hausse, les musées sont restés bien loin de la moyenne de 2015 à 2019, qui s’élevait à quelque 15,2 millions d’entrées par année.

Si les musées de science et les lieux d’interprétations historiques ont enregistré le plus grand nombre d’entrées intra-muros en 2021 (2,2 millions et 1,5 million), les musées d’art ont connu la diminution de fréquentation moyenne la plus importante, avec une chute de 72 % par rapport aux années 2015 à 2019.

Pour Jean-Christophe Racette, directeur général et conservateur en chef par intérim du Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS), les mesures sanitaires imposées l’an dernier se sont « bien fait sentir ».

« Pour nous, le plus gros impact a été au niveau des groupes scolaires. […] Quand les consignes étaient semi-claires par rapport à l’accueil des écoles, on n’avait presque personne ; peut-être un groupe aux trois semaines », raconte-t-il en entrevue.

Le rapport de l’ISQ indique d’ailleurs que la fréquentation scolaire dans les institutions muséales a subi une baisse constante dans les trois dernières années, passant de 181 000 entrées en 2020 à 173 000 en 2021. Au cours des cinq ans précédant la pandémie, la moyenne annuelle des visites tournait plutôt autour de 900 000.

Des expositions délaissées

PHOTO SYLVAIN MAYER, ARCHIVES LE NOUVELLISTE

Malgré les remous, certaines institutions muséales ont aujourd’hui le vent dans les voiles. C’est le cas du Musée POP de Trois-Rivières, qui a connu une « forte augmentation » de la fréquentation estivale par rapport à celle de 2019.

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a lui aussi vu sa clientèle filer entre ses doigts.

« Avant la pandémie, notre nombre de visiteurs pouvait atteindre le million ; en 2021, on frôle à peine le quart de ce chiffre. […] On a été fermés jusqu’en février 2021, et on a ensuite dû fonctionner avec des heures d’ouverture réduites », a expliqué en entrevue Michèle Meier, directrice des communications et du marketing du MBAM.

La fermeture des musées en France et au Québec avait également forcé le MBAM à renoncer à l’exposition majeure Les origines du monde : l’invention de la nature au XIXe siècle. L’exposition devait être présentée au Musée d’Orsay, à Paris, pour ensuite arriver à Montréal en février 2021. Son ouverture avait été reportée une première fois, mais la fermeture prolongée des musées français avait finalement rendu la tenue de l’exposition incompatible avec le calendrier du MBAM.

Malgré les défis des dernières années, Mme Meier affirme avoir constaté un « enthousiasme renouvelé » de la clientèle, qui s’illustre par « sa diversité en âges et en cultures » et son intérêt pour des sujets variés.

« On a su remonter la pente en 2022, en partie grâce à l’exposition de Nicolas Party qui a accueilli près de 300 000 visiteurs entre février et octobre, a-t-elle précisé. On vient aussi de présenter notre programmation pour 2023, qui met de l’avant les femmes et les personnes autochtones, et on est très optimistes quant à la réception du public. »

En date du 30 novembre, la fréquentation du MBAM pour l’année 2022 dépassait les 500 000 visiteurs, un chiffre qui montre « un retour progressif vers le nouveau normal », selon Mme Meier.

Malgré les remous, certaines institutions muséales ont aujourd’hui le vent dans les voiles. C’est le cas du Musée POP de Trois-Rivières, qui a connu une « forte augmentation » de la fréquentation estivale par rapport à celle de 2019.

« On est même déjà en avance pour 2022 par rapport aux années prépandémiques. C’est un record, et on voit que les familles avaient le goût de sortir et de visiter des lieux touristiques », affirme Claire Plourde, chargée des communications pour le musée.

En plus d’un engouement grandissant pour le volet virtuel développé en marge des mesures sanitaires, Mme Plourde constate un retour massif de la clientèle individuelle et scolaire aux différentes expositions.

« La seule clientèle qui n’est pas revenue, c’est notre clientèle commerciale et celle liée au tourisme d’affaires, précise-t-elle en entrevue. Les locations de salle sont un morceau important de nos revenus et on n’a pas encore retrouvé les montants qu’on avait avant la COVID-19. »

Les différents musées s’entendent toutefois pour dire que l’aide financière fournie par les gouvernements fédéral et provincial a été cruciale pour leur survie. En 2020, Québec avait annoncé un plan de relance de 450 millions pour la culture, un secteur durement touché par la pandémie.

« Le principal enjeu à venir va être celui de la main-d’œuvre, en particulier par rapport au personnel de première ligne. On est un organisme culturel à but non lucratif, et donc on ne peut pas offrir des salaires faramineux », indique Mme Plourde.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Rectificatif
Ceci est une version corrigée. Dans une version précédente de ce texte, le sigle de l’Institut de la statistique du Québec aurait dû être ISQ, et non pas INSPQ.