(Bangkok) Une statue vieille de 900 ans exposée pendant 30 ans au prestigieux Metropolitan Museum (Met) de New York a intégré un musée thaïlandais mardi après avoir été volée il y a près de 50 ans par un célèbre collectionneur.

« Le garçon en or », une précieuse pièce de 129 centimètres en bronze a été restituée à la suite d’une action de la justice new-yorkaise qui l’a liée à Douglas Latchford, un collectionneur et marchand d’art britannique inculpé en 2019 pour avoir dirigé un vaste réseau de trafic d’antiquités à partir de l’Asie du sud-est. Il est mort en 2020.

Exposée de 1988 à 2023 au Met, l’un des plus grands musées de la planète, la statue avait été découverte près de la frontière cambodgienne au cours de fouilles archéologiques il y a plus de 50 ans.  

Latchford l’aurait sortie illégalement de Thaïlande en 1975.

Le Met a restitué une seconde sculpture en bronze de 43 centimètres, également liée à ce collectionneur, représentant une femme agenouillée priant les mains jointes au-dessus de la tête.

Un nombre croissant de musées dans le monde ont entrepris de restituer des œuvres faisant l’objet de contestations de la part des pays dont elles sont originaires.

« Nous sommes honorés d’avoir récupéré ces artefacts, qui sont pour toujours dans leur patrie », a commenté le directeur général du département des beaux-arts de Thaïlande, Phnombootra Chandrachoti, au musée national de Bangkok.

« Toutefois, les efforts en vue de la restitution des objets pillés ne s’arrêtent pas là », a-t-il ajouté devant les journalistes.

« Nous avons l’intention de tous les récupérer. »

Les deux statues remises à la Thaïlande font partie d’un lot de 16 sculptures khmères, dont 14 restituées au Cambodge par le Met, qui a déclaré qu’il retirait de sa collection « toutes les œuvres sculpturales angkoriennes dont le musée sait qu’elles sont associées à Latchford ».

Mort à l’âge de 88 ans chez lui à Bangkok, Douglas Latchford était largement considéré comme un éminent spécialiste des antiquités cambodgiennes, dont les livres sur l’art de l’Empire khmer font référence.

En 2019, il a été accusé par des procureurs de New York d’avoir fait passer en contrebande des œuvres cambodgiennes pillées et d’avoir aidé à les vendre sur le marché international de l’art.

Le Cambodge a alimenté à ses dépens le trafic d’antiquités pendant les années de conflits et d’instabilité quand les Khmers rouges étaient au pouvoir, entre 1975 et 1979.