Seize personnes – neuf hommes et sept femmes – ont signé le manifeste Refus global. Les voici, en quelques mots.

Paul-Émile Borduas

PHOTO MAURICE PERRON, MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC, AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LINE-SYLVIE PERRON.

Paul-Émile Borduas dans son atelier de Saint-Hilaire (v. 1950)

Né en 1905, Paul-Émile Borduas est professeur à l’École du meuble de Montréal de 1937 à 1948. Plusieurs des signataires sont ses élèves. Né à Mont-Saint-Hilaire et ayant travaillé avec Ozias Leduc, Borduas fait un premier séjour en France de 1928 à 1930 où il approfondit ses connaissances et sa réflexion sur l’art. À son retour, il épouse Gabrielle Goyette. Le couple a trois enfants. En 1952, quatre ans après son congédiement de l’École du meuble, Borduas vend sa maison de Mont-Saint-Hilaire et s’installe à New York. Il prend la direction de Paris en 1955 et y passe les dernières années de sa vie. Il est emporté par un malaise cardiaque le 22 février 1960.

Madeleine Arbour

PHOTO JEAN GOUPIL, FONDS LA PRESSE (P833, S2, D71), ARCHIVES NATIONALES À MONTRÉAL, REPRODUCTION DE FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Madeleine Arbour en 1984

Née le 3 mars 1923 à Granby, la centenaire Madeleine Arbour est peintre, dessinatrice, styliste et décoratrice. Elle a conçu décors et costumes tant pour le théâtre que pour la télévision, notamment pour l’émission La boîte à surprise à Radio-Canada. Elle signe le manifeste du prénom Magdeleine.

Marcel Barbeau

PHOTO MICHEL GRAVEL, FONDS LA PRESSE (P833, S2, D178) ARCHIVES NATIONALES À MONTRÉAL, REPRODUCTION DE FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Marcel Barbeau en 1965

Peintre et sculpteur né en 1925, Barbeau a étudié avec Borduas à l’École du meuble. Reconnu pour ses œuvres abstraites et multiformes, il s’est déplacé entre le Québec, le Canada, les États-Unis et la France. Sa fille Manon Barbeau lui a consacré le documentaire Barbeau, libre comme l’art. Mort le 2 janvier 2016 à l’âge de 90 ans.

Bruno Cormier

PHOTO MAURICE PERRON, MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC, AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LINE-SYLVIE PERRON.

Bruno Cormier au cours de l’hiver 1948

Étudiant en médecine dans les années 1940, il s’est spécialisé en psychanalyse et psychiatrie. Bruno Cormier est associé à la fondation de l’Institut Philippe-Pinel. Il est reconnu comme un pionnier dans la psychologie criminelle au Québec. Mort le 17 juin 1991 à 71 ans.

Claude Gauvreau

PHOTO PAUL-HENRI TALBOT, ARCHIVES LA PRESSE

Claude Gauvreau en 1970

Poète, dramaturge et peintre, Claude Gauvreau (1925-1971) s’est fait connaître par ses œuvres écrites au langage unique, « exploréen » et inspiré de l’automatisme. Son œuvre la plus connue, la pièce de théâtre Les oranges sont vertes, était en cours de mise en scène au moment de sa disparition dans des circonstances tragiques.

Pierre Gauvreau

PHOTO JEAN-YVES LÉTOURNEAU, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Gauvreau en 1979

Peintre, scénariste et réalisateur, Pierre Gauvreau est le frère de Claude. Il est officier dans l’armée canadienne lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans les années 1980 et 1990, Gauvreau devient un scénariste phare de la télévision avec ses séries Le temps d’une paix, Cormoran et Le volcan tranquille. Il est mort le 7 avril 2011 à 88 ans.

Muriel Guilbault

PHOTO DESAUTELS, FONDS GEORGES OUVRARD ET NICOLE HUET-OUVRARD (P948, S1, D8), ARCHIVES NATIONALES À MONTRÉAL, REPRODUCTION FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Muriel Guilbault

La vie de la comédienne Muriel Guilbault fut courte et torturée. Sœur de Dyne Mousso, elle joue au théâtre et dans des radioromans. Elle joue avec Gratien Gélinas dans Les Fridolinades et Ti-Coq. De passage à Montréal, Jean-Paul Sartre la remarque dans une version improvisée de sa pièce Huis clos. Elle a mis fin à ses jours le 3 janvier 1952.

Marcelle Ferron

PHOTO JEAN-YVES LÉTOURNEAU, ARCHIVES LA PRESSE

Marcelle Ferron

Le grand mur vitrail de la station de métro Champ-de-Mars, c’est elle. La verrière en façade du palais de justice de Granby, encore elle. Le miroir aux alouettes, sculpture-totem érigée devant le siège social de l’OACI à Montréal, toujours elle. Artiste peintre, Marcelle Ferron (1924-2001) est une des signataires du manifeste dont les œuvres ont pris une grande place dans l’espace public.

Fernand Leduc

PHOTO JEAN GOUPIL, FONDS LA PRESSE (P833, S2, D326), ARCHIVES NATIONALES À MONTRÉAL, REPRODUCTION LA PRESSE

Fernand Leduc en 1987

Compagnon de Thérèse Renaud, ce peintre a passé une longue partie de sa vie à Paris. Il est revenu s’installer à Montréal quelques années avant sa mort, le 27 janvier 2014, à 97 ans. « Borduas, c’était mon maître. Je lui dois mon éveil à la créativité. La créativité, c’est la découverte de sa liberté fondamentale, de pouvoir travailler selon la nécessité intérieure », dira-t-il en entrevue à La Presse en août 2013.

Thérèse Renaud

PHOTO MAURICE PERRON, MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC, AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LINE-SYLVIE PERRON.

Thérèse Renaud en 1953

La compagne de Fernand Leduc était poète, romancière, essayiste et comédienne. Son appartenance aux Automatistes passe entre autres par son texte poétique Les sables du rêve en 1946, dont les illustrations sont signées Jean-Paul Mousseau. Elle est morte à Paris le 12 décembre 2005.

Jean-Paul Mousseau

PHOTO PAUL-HENRI TALBOT, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-Paul Mousseau en 1961

Comme Marcelle Ferron, Mousseau a signé diverses œuvres qui ont pris une place importante dans l’espace public québécois. Installée en 1962 à l’entrée du siège social d’Hydro-Québec, sa grande murale Lumière et mouvement dans la couleur est remarquable. On lui doit aussi les cercles colorés de la station de métro Peel et l’Opus 74 de la station Viau. Il s’est éteint le 7 février 1991 à 64 ans.

Maurice Perron

PHOTO MAURICE PERRON, MUSÉE DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC, AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LINE-SYLVIE PERRON

Autoportrait de Maurice Perron, vers 1949-1950

Maurice Perron est considéré comme le photographe des Automatistes et l’éditeur de Refus global. Il a 24 ans lorsqu’il fonde la maison d’édition Myrtha-Mythe pour publier le manifeste. « Maurice Perron était le photographe-vérité de toutes nos luttes valables », confie Madeleine Arbour à La Presse au lendemain de la mort de Perron, le 27 février 1999.

Louise Renaud

PHOTO FOURNIE PAR ED KOSTINER

Louise Renaud, dans les années 2000

Sœur de Jeanne et Thérèse Renaud, Louise Renaud a fait carrière comme peintre et éclairagiste. Elle quitte le Québec au milieu des années 1940 et s’installe à New York. Elle souhaite y devenir élève du peintre Fernand Léger, un projet qui ne se concrétise pas. En 1949, elle épouse Francis Kloeppel, éditeur au Museum of Modern Art. Elle meurt à 98 ans en octobre 2020 à Berkeley, en Californie.

Françoise Riopelle

PHOTO LUCIEN DESJARDINS, FONDS LA PRESSE (P833, S2, D4617), ARCHIVES NATIONALES À MONTRÉAL, REPRODUCTION FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Françoise Riopelle en 1961

Née Lespérance, danseuse et chorégraphe québécoise, elle était la femme de Jean Paul Riopelle au moment de la signature de Refus global. Elle est reconnue pour son apport à la danse contemporaine par la création de la première école de ce genre au Canada. « C’était une femme forte, déterminée, qui a beaucoup donné à la danse au Québec », a dit d’elle Françoise Sullivan à la mort de Mme Riopelle le 18 juillet 2022, à 95 ans.

Jean Paul Riopelle

PHOTO JEAN-YVES LÉTOURNEAU, FONDS LA PRESSE (P833, S2, D4618), ARCHIVES NATIONALES À MONTRÉAL, REPRODUCTION FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Jean Paul Riopelle en 1963

Est-il besoin de présenter ce peintre, sculpteur et graveur ? Ami des surréalistes à Paris et des Automatistes à Montréal, Riopelle a connu une carrière exceptionnelle, marquée par ses mosaïques des années 1950, son Hommage à Rosa Luxemburg qui occupe une salle complète du Musée national des beaux-arts à Québec et ses toiles consacrées aux oies à la fin de sa carrière. Sa rencontre avec Maurice Richard, à l’initiative de La Presse, en 1990, a mené à la création d’une porte sur laquelle les deux hommes ont laissé des traces de leurs mains. Son œuvre a été célébrée tant en musique (Riopelle symphonique) que sur les planches (Le projet Riopelle). Mort le 12 mars 2002 à 79 ans.

Françoise Sullivan

PHOTO MICHEL GRAVEL, FONDS LA PRESSE (P833, S2, D5112), ARCHIVES NATIONALES À MONTRÉAL, REPRODUCTION FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Françoise Sullivan en 1969

Françoise Sullivan a eu 100 ans le 10 juin 2023. Peintre, sculptrice, chorégraphe et danseuse, cette grande artiste est entre autres connue pour Danse dans la neige, solo improvisé en 1948 que Maurice Perron a immortalisé en photos (un film tourné par Riopelle a été perdu). Très prolifique, Françoise Sullivan a aussi fait partager son art en enseignant à l’Université Concordia.