Après le choc de la pandémie, les bibliothèques publiques retrouvent tranquillement leur erre d’aller. À l’automne, près de 80 % de leurs usagers avaient retrouvé leurs habitudes dans leur bibliothèque de quartier.

C’est ce que constate la directrice générale de l’Association des bibliothèques publiques du Québec, Ève Lagacé, après avoir sondé ses 312 membres répartis dans l’ensemble de la province. « Depuis le printemps dernier, tout a redémarré, dit-elle, même si en théorie, les bibliothèques étaient ouvertes au public depuis 2021. Les activités d’animation, comme l’heure du conte, ont repris en personne, et la fréquentation est en hausse dans toutes les bibliothèques. »

Selon Ève Lagacé, le télétravail a même fait en sorte que les gens sont plus nombreux à fréquenter leur bibliothèque de quartier.

À la Grande Bibliothèque de Montréal, la situation a été plus difficile, la bibliothèque ayant été quasi désertée par les Montréalais pendant près de deux ans. Mais au cours de la dernière année, elle a doublé son taux de fréquentation qui s’établit à près de 1,1 million de visiteurs.

La Grande Bibliothèque demeure toutefois encore loin du taux de fréquentation prépandémique – avec ses quelque 2,1 millions de visiteurs enregistrés en 2019 –, mais la croissance actuelle rassure la direction, qui prépare de nouvelles expos et conférences.

Selon la direction de l’endroit, il est également question de la mise sur pied de résidences artistiques, de l’ouverture d’un espace musical, de la réouverture du Fab Lab (un laboratoire numérique), de son café bistro et de la vente de livres usagés avec les Bouquinistes.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Les usagers des bibliothèques ont principalement emprunté en 2022 des bandes dessinées (en particulier des mangas et des albums graphiques), des romans historiques, des polars et des essais.

Services en ligne en hausse

Un des legs de la pandémie pour la Grande Bibliothèque est l’augmentation de ses services à distance. Selon la directrice des communications, Mylène Racine, le nombre de visites sur les sites de la Grande Bibliothèque a bondi de 36,4 %, passant de 7,6 millions à 10,3 millions. BAnQ numérique – qui compte entre autres des documents patrimoniaux – a vu son nombre de visites exploser de 160 % pour s’établir à 8,9 millions dans la dernière année.

Le profil des usagers tend ainsi à changer. C’est du moins ce que constate Mylène Racine.

En 2019, parmi nos emprunteurs, 52,3 % étaient des emprunteurs physiques, 36 % étaient des emprunteurs numériques et 11,7 % étaient des emprunteurs hybrides [qui faisaient les deux]. Aujourd’hui, la tendance s’est complètement inversée, notre emprunteur étant avant tout numérique. En 2022, 34,8 % étaient des emprunteurs physiques, 55,6 % étaient des emprunteurs numériques et 10 % étaient des emprunteurs hybrides.

Mylène Racine, directrice des communications à la Grande bibliothèque

Est-ce que cette tendance se maintiendra vu le taux d’inflation élevé qui force les ménages à revoir leurs dépenses (notamment pour l’achat de livres) ? Il faudra attendre à la fin de l’année prochaine pour le savoir.

En tout cas, cette tendance ne se vérifie pas dans les bibliothèques de quartier, selon Ève Lagacé. La hausse des prêts numériques observée pendant la pandémie est maintenant sous la barre des 2 millions observée en 2019, alors qu’elle a bondi à 3,3 millions en 2020, et s’est maintenue autour de 2,9 millions en 2021. Dans les plus petites bibliothèques municipales, les usagers préfèrent se rendre sur place.

Chose certaine, les types de documents consultés ou empruntés n’ont pas changé. Le palmarès est sensiblement le même depuis quelques années. On y retrouve principalement des bandes dessinées (en particulier des mangas, mais aussi des albums graphiques comme L’Arabe du futur, Le petit astronaute ou Paul à la maison), des romans historiques, des polars et des essais.

Dans les 10 livres les plus empruntés en 2022, on retrouvait par exemple En as-tu vraiment besoin ?, de Pierre-Yves McSween, La servante écarlate, de Margaret Atwood, Kukum, de Michel Jean ou encore Du côté des Laurentides, de Louise Tremblay-d’Essiambre, Le monstre, d’Ingrid Falaise, et Six minutes, de Chrystine Brouillet.

Fréquentation annuelle de la Grande Bibliothèque (du 1er janvier au 31 décembre)

  • 2019 : 2 149 388
  • 2020 : 527 346
  • 2021 : 554 788
  • 2022 : 1 086 784

(Source : chiffres fournis par la Grande Bibliothèque)