Petit tour d'horizon d'événements artistiques qui ont marqué les esprits au Québec au cours des dernières décennies.

LES ANNÉES 60

Expo 67


L'actuelle exposition consacrée à Alexander Calder au Musée des beaux-arts de Montréal est un très bon exemple de la marque qu'a laissée Expo 67 dans nos vies. La sculpture Trois disques (L'Homme) de Calder, la dentelle métallique de la Biosphère, la chanson Un jour, un jour, les costumes des hôtesses, le logo de Julien Hébert nous restent toujours en tête. Certains ont même exprimé le désir de recréer une exposition universelle à Montréal pour le 50e anniversaire de l'événement.

Woodstock

Ah! comme on les aime les grands rassemblements socioculturels à la Woodstock. Ces événements fédérateurs où l'on se rassemble dans un esprit de paix, de partage autour d'un même thème... et un peu de boue! On en a pour preuve tous les clones ou versions miroirs survenus dans le monde depuis 1969. On pense au festival de l'Isle of Wight (deux semaines après Woodstock), Manseau en 1970 (un ratage complet), Live Aid (1985) et tous ces festivals musique et art à la Osheaga aujourd'hui.

The Beatles

Impossible de passer à côté du Fab Four qui fait toujours autant parler de lui. Il y a à peine deux semaines, combien de médias dans le monde ont évoqué les 50 ans de la sortie de «l'album blanc»? Même chose au printemps 2017 avec le 50anniversaire de la sortie de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band. Et que dire de ces livres et coffrets en magasins et du spectacle Love du Cirque du Soleil à Las Vegas? La nostalgie des Beatles est une mode qui ne passe pas.

Le symbole «Peace and Love»

Oui, c'est vrai, nombreuses sont les publications en ligne qui attribuent à Gerald Holtom, qui prônait le désarmement nucléaire, la création du symbole «peace and love» en... 1958. Mais avouons que c'est dans les années 60 que ce symbole, aussi connu que le smiley, a explosé dans la culture populaire pour ne plus jamais en sortir. Sans surprise, il fait partie de la collection d'émojis qu'on retrouve dans les claviers de nos téléphones intelligents.

Les sérigraphies d'Andy Warhol

Marilyn Monroe, Mao Zedong, les boîtes de soupe Campbell sont les trois plus célèbres symboles des sérigraphies d'Andy Warhol, roi new-yorkais du pop art. C'est au début des années 60 que Warhol commence à produire ses premières oeuvres sérigraphiques. À peu près au même moment, Roy Lichtenstein fait fureur avec sa série de comics. Leurs oeuvres sont toujours reconnaissables au premier coup d'oeil.

The Graduate

Quelle pièce Paul Simon a-t-il jouée en rappel lors de son passage au Centre Bell le 13 juin dernier dans le cadre de sa tournée d'adieu? The Sound of Silence. Cette chanson mythique du duo Simon and Garfunkel était au coeur de la trame sonore du long métrage The Graduate de Mike Nichols. Sorti en 1967, le film est un emblème cinématographique des années 60.

LES ANNÉES 70

Mariage télé

Vous pensez vraiment que Céline et René ont tout inventé en se mariant à la télé? Le 9 mai 1970, la chanteuse québécoise la plus populaire de son temps, Chantal Pary (de son vrai nom Lucie Bernier) et le compositeur André Sylvain convolent en studio devant les caméras de Télé-Métropole, devenue TVA aujourd'hui. La cérémonie a eu lieu dans le cadre de l'émission Jeunesse, animée par une autre grande vedette de l'époque, Pierre Lalonde. Ginette Reno et Renée Martel, entre autres, en étaient. Et pop la vie!

The Godfather

Le cinéaste américain Francis Ford Coppola a quatre longs métrages derrière la cravate quand son film sur la mafia The Godfather (Le parrain), inspiré du roman de Mario Puzo, gagne trois Oscars en 1973. Deux ans plus tar, la suite remportera six Oscars. Ces films font connaître les grandes vedettes que deviendront Al Pacino et Robert De Niro. Et Coppola finira la décennie en 1979 avec son chef-d'oeuvre sur la guerre du Viêtnam, Apocalypse Now

Le Québécois libéré

Durant les années 70, la langue québécoise perd enfin ses complexes. Le terreau tout juste remué par Claude Gauvreau et Réjean Ducharme donne de beaux arbres en musique (de Vigneault à Beau Dommage), dans le cinéma (de Claude Jutra à Francis Mankiewicz) et au théâtre. La scène québécoise sera marquée à jamais par le théâtre expérimental, celui des femmes, et les grandes pièces de Michel Tremblay, d'À toi, pour toujours, ta Marie-Lou (1970) jusqu'à Damnée Manon, sacrée Sandra (1977).

Premiers jeux vidéo

Il était une fois les jeux vidéo. Il y a 44 ans, il n'y avait pas 44 444 sortes de jeux vidéo. Mais avec les succès du jeu de raquettes Pong en 1974, plusieurs sociétés, dont Atari, développent des consoles et des jeux que l'on branche à la télévision. Des heures de plaisir à se lancer une balle entre deux joueurs ou seul contre la machine! Les consoles comprenaient des composantes électroniques et n'étaient disponibles qu'en magasin spécialisé ou en vente par correspondance. Non, Amazon n'existait pas, les enfants. 

Les ordres 

La crise d'octobre 1970 a marqué une décennie où la montée du mouvement souverainiste s'est heurtée à un pouvoir politique paranoïaque et autoritaire. La Loi sur les mesures de guerre du gouvernement Trudeau (père) représente une page sombre de l'histoire québécoise. Michel Brault en a tiré un film magnifique, mélange de faux documentaire et de fiction, de noir et blanc et de couleurs au sujet des arrestations arbitraires ayant eu lieu à l'époque. Les ordres a remporté le prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1975.

Rock progressif

Le rock progressif a émergé comme forme musicale à la fin des années 60 au Royaume-Uni, mais l'explosion mondiale a bel et bien eu lieu dans la décennie suivante. Des noms de groupes? Genesis, Gentle Giant, Jethro Tull, Yes, King Crimson, Emerson, Lake and Palmer, Soft Machine et Van Der Graaf Generator. Et, évidemment, Pink Floyd avec son album Dark Side of the Moon, l'un des plus populaires de l'histoire du rock. Le suivant et mésestimé Wish You Were Here (1975) rendait un hommage bien senti à l'ancien leader du groupe, Syd Barrett.

photo fournie par Paramount Pictures

Marlon Brando dans The Godfather

LES ANNÉES 80

E.T. the extra-terrestrial

En décembre 1982, E.T. de Steven Spielberg enchante les critiques purs et durs, mais touche aussi le coeur du public (793 millions de box-office dans le monde). L'histoire de cette poupée extra-terrestre qui rate sa soucoupe volante pour «retourner à la maison» est un conte de fées universel pour les 7 à 77 ans. La créature en question, à la fois épeurante et touchante, en dit beaucoup plus sur la nature humaine que sur la vie dans les autres galaxies. Un grand film sur l'enfance qui ne veut pas mourir en nous.

Boy George & Culture Club

Bien avant Hubert Lenoir, un chanteur androgyne, drôlement coiffé et trop fardé, choquait les parents et... faisait danser leurs enfants. Avec Do You Really Want to Hurt Me et Karma Chameleon, Boy George lance un appel à l'amour et à la tolérance. Mais après le succès mondial de ses deux premiers albums, le groupe new wave britannique voit sa popularité commencer à décliner au milieu des années 80. Les problèmes de consommation de Boy George auront raison de Culture Club, qui se sépare au printemps 1987.

Repartir à zéro, de Joe Bocan

Avec ce premier tube écologiste et pacifiste à jouer sur les ondes des radios commerciales au Québec, Joe Bocan rêve de trêve. Dans Repartir à zéro, la chanteuse «imagine la Terre comme un jardin d'Éden». Toutes les années 80 sont là, dans ce refrain naïf souligné par les notes minimales des synthétiseurs et par la batterie électronique. Et dans son clip, la «diva des branchés» joue une mère Teresa atomique qui veut sauver la planète «en voyant se lever le vent».

La Magie rose de Diane Dufresne

Probablement pas son meilleur spectacle (Top secret, plus intime, deux ans plus tard au TNM, est notre coup de coeur), mais ce concert de Diane Dufresne a attiré 55 000 spectateurs au Stade olympique en 1984. Magie rose est donc inoubliable. La diva a demandé à son public de porter des vêtements ou accessoires roses, et de laisser toute la place à l'imaginaire. Dans le stade ce soir-là, il y a une belle et douce folie digne de l'interprète du Parc Belmont.

Thriller

On dit que c'est l'album de la décennie! Michael Jackson avait 24 ans quand il a lancé Thriller, l'un des albums les plus vendus au monde. Pas moins de sept de ses chansons se hissent dans le top 10 du palmarès américain en 1982, dont Beat It, The Girl Is Mine, Billie Jean et bien sûr la pièce éponyme, inégalée dans l'art du clip, celui-ci (14 minutes) étant diffusé pour la première fois sur MTV le 2 décembre 1983 et dont la production est estimée à 500 000 $ US.

Dynasty

Dynasty  a marqué l'imaginaire américain et la série est revenue en ondes en 2017. Mais pour nous, ce sont les querelles, gifles et légendaires crêpages de chignon entre Alexis (Joan Collins) et Krystle (Linda Evans) qui sont restés en mémoire. Ces catfights font partie des moments favoris de la série culte. Dans Dynasty, tout le monde s'entredéchire pour la fortune, le pouvoir et Blake Carrington. Mais les batailles entre les deux femmes d'âge mûr, qui duraient parfois de longues minutes, n'ont pas d'équivalent, même dans les soaps et les telenovelas.

Photo archives AFP

Boy George (2e à gauche) en compagnie des membres de Culture Club.

LES ANNÉES 90

Boys band et girl power

Take That, Backstreet Boys, NSYNC. Les boys band se succèdent au rythme des chorégraphies de groupe endiablées tout au long des années 90, créant la folie auprès des jeunes ados. Du côté des filles, le phénomène est tout aussi fort avec les Spice Girls, mais aussi Destiny's Child. Poussés par un vent de nostalgie, les Backstreet Boys ont annoncé leur première tournée en 18 ans (avec un arrêt au Centre Bell le 15 juillet prochain) et un nouvel album au début de 2019. Les Spice Girls reprendront elles aussi la route le temps de quelques spectacles en Grande-Bretagne l'an prochain.

Goodfellas

Martin Scorsese frappe fort en 1990 avec Goodfellas (Les affranchis). Mettant en vedette Ray Liotta, Joe Pesci et Robert De Niro, ce film de gangsters devenu culte est un succès au box-office avec 46,8 millions rien qu'aux États-Unis. La décennie 90 sera particulièrement prolifique d'un point de vue cinématographique: Titanic, Pulp Fiction, Forrest Gump, Seven, The Silence of the Lambs, Schindler's List se succèdent au grand écran américain alors qu'au Québec, Léolo, Eldorado, Le party et Les boys marquent leur époque.

Friends

Ross, Rachel, Monica, Chandler, Joey et Phoebe nous ont accompagné pendant 10 saisons. Cette série culte a notamment lancé la carrière de Jennifer Aniston (et de ses cheveux) et compte encore de très nombreux fans nostalgiques. Au cours de la même décennie, d'autres séries télé ont marqué le petit écran, de Melrose Place à Beverly Hills 90210 en passant par Dawson's Creek, Seinfeld ou Twin Peaks.

La petite vie

Il y a 25 ans entrait en ondes à Radio-Canada l'émission La petite vie. Encore aujourd'hui, plus de 550 000 personnes écoutent les reprises diffusées le samedi. Trois millions de fidèles suivaient en moyenne la série écrite par Claude Meunier et mettant en vedette des pointures comme Marc Labrèche, Diane Lavallée, Marc Messier, Guylaine Tremblay, Serge Thériault et Rémy Girard. La télévision québécoise est également marquée à cette époque par Les filles de Caleb, Watatatow, Chambres en ville, Scoop et Diva.

Nirvana et le grunge

Le 24 septembre 1991, Nirvana lance son deuxième album, Nevermind, imposant du même coup le son et l'esprit du grunge à la planète rock. MTV ne tarde pas à passer en boucle Smells Like Teen Spirit, succès planétaire de Kurt Cobain, Krist Novoselic et Dave Grohl. Dans la même tendance musicale, Soundgarden et Pearl Jam ne tardent pas à faire leur marque avec leurs univers grunge exprimant le malaise d'une partie de la jeunesse américaine de l'époque.

1990 de Jean Leloup

1990 est sans contredit un des grands succès de l'année 1991 au Québec. Jean Leloup compose cette chanson dans la foulée du déclenchement de la première guerre du Golfe et propose un audacieux vidéoclip réalisé par James Di Salvio. La décennie 90 aura connu son lot d'albums francophones qui marquent encore les esprits aujourd'hui, comme D'eux de Céline Dion, Quatre saisons dans le désordre de Daniel Bélanger, Dehors novembre des Colocs et Tu m'aimes-tu de Richard Desjardins.

PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL D'ÉTÉ DE QUÉBEC

Les Backstreet Boys

LES ANNÉES 2000

La Vie, la vie

Cinq amis de Montréal dans la trentaine: Simon, Marie, Vincent, Jacques et Claire. Un couple, un gai, un gars qui travaille dans un club vidéo et une pigiste en quête de stabilité. Leur amitié est plus forte que tout. Ils partagent leurs doutes sur leurs vies amoureuses et professionnelles. Écrite finement par Stéphane Bourguignon et réalisée par Patrice Sauvé, la série télé La Vie, la vie se démarque par son réalisme poignant.

La téléréalité

La téléréalité prend d'assaut la télévision québécoise et internationale. Au Québec, les intellectuels boudent et condamnent Star Académie et Loft Story. Aux États-Unis, Paris Hilton et Nicole Richie jouent les fermières dans The Simple Life. Des émissions à succès comme Survivor, Jersey Shore, The Bachelor et Keeping Up With the Kardashians envahissent le petit écran.

Arcade Fire

En 2004, un groupe excentrique montréalais appelé Arcade Fire lance un premier album intitulé Funeral. C'est le début de la vague musicale appelé «indie-rock», de la popularité du réseau social MySpace et du mouvement dit «hipster». On assiste tranquillement au retour des tables tournantes et du vinyle. Comme dans les films de Wes Anderson, les vêtements et les objets vintage ont la cote.

Les «iPod battles»

Apple met en vente le premier iPod en octobre 2001. Du jour au lendemain, il est possible d'y réunir la musique de dizaines de disques compacts via son ordinateur. C'est la révolution! Des gens décident alors d'organiser des iPod battles, soit des joutes musicales où deux personnes s'affrontent avec des choix musicaux. Les règles sont simples: que la meilleure chanson gagne!

Six Feet Under

En 2001, la chaîne de télévision payante HBO sort une série télé aux personnages principaux imparfaits. Six Feet Under raconte la vie de l'attachante famille Fisher (Nate, David, Claire, Ruth), propriétaire d'une entreprise funèbre de Los Angeles. On assiste alors au début des séries télé de qualité cinématographique (et du visionnement en rafale), telles The Sopranos, 24 et The Wire.

Avatar

James Cameron marque les années 90 avec le film Titanic, mais aussi la fin de la décennie 2000 avec Avatar. Le réalisateur révolutionne alors l'industrie du cinéma avec son mélange d'images réelles et de synthèse. Il s'agit du film le plus coûteux de l'histoire du cinéma, puis du plus grand succès au box-office jusque-là. Le synopsis du film incarne aussi son époque (le début des réseaux sociaux, la cyberintimidation) avec l'idée qu'une personne puisse devenir quelqu'un d'autre derrière un avatar.

PHOTO FOURNIE PAR SONY MUSIC

Arcade Fire