Que les grands consommateurs de spectacles, de disques compacts, de films et de DVD se préparent: la taxe de vente (TVQ) sur les produits culturels sera bel et bien abolie d'ici trois ans, assure la ministre de la Culture, Christine St-Pierre. Et ce, malgré les réserves exprimées par certains organismes culturels.

«C'est une volonté du premier ministre de le faire, a affirmé hier Mme St-Pierre, au cours d'une entrevue avec La Presse, à son bureau du boulevard Saint-Laurent dans le Vieux-Montréal. Il y croit fermement. Et c'est la prérogative du ministre des Finances de déterminer à quel moment il va sentir le besoin de le faire.»

Se disant en parfait accord avec cette initiative, qui est en fait un engagement pris par les libéraux lors de la dernière campagne électorale, la ministre avait pourtant déjà laissé entendre en avril dernier qu'elle tentait d'explorer d'autres avenues en raison du scepticisme que provoquait cette mesure, particulièrement du côté de l'Union des artistes (UDA), du Mouvement pour les arts et les lettres (MAL), de l'Union des écrivains du Québec (UNEQ) et du Réseau indépendant des diffuseurs d'événements artistiques unis (RIDEAU).

Plusieurs lui avaient d'ailleurs suggéré de placer l'argent généré par la TVQ dans un fonds, dont les sommes seraient ensuite versées aux institutions culturelles. Or, hier, elle affirmait sans détour que l'abolition de la TVQ - qui priverait l'État de revenus annuels de 50 millions de dollars - permettrait de stimuler l'industrie, notamment en favorisant la vente de billets de théâtre, de films, de disques ou de tout autre produit culturel québécois. Par exemple, sur l'achat d'un disque à 20 $, l'abolition de la TVQ permettrait au consommateur d'économiser 1,50 $.

La ministre assure du même souffle que certains représentants du milieu des arts voient cette idée d'un bon oeil. «Il y en a qui pensent que ça stimulerait le spectacle, ça serait comme un incitatif. Si tu achètes un abonnement à l'opéra, au théâtre, ça peut être intéressant», illustre-t-elle.

Si les libéraux s'étaient engagés à aller de l'avant avec cette promesse d'ici la fin du présent mandant, dans environ trois ans, Mme St-Pierre laisse entendre que le projet pourrait se concrétiser avant. La balle est toutefois dans le camp du ministre des Finances, Raymond Bachand.

«Le budget, M. Bachand est en train d'y réfléchir, mentionne-t-elle. Il regarde tous les aspects. Mais je ne peux prendre la décision à la place de mon collègue des Finances. Alors, c'est lui qui a la réponse entre les mains.»

Par ailleurs, cette décision ne fera probablement pas l'unanimité dans le milieu culturel puisque plusieurs organismes se sont opposés à cette idée dès le moment où les libéraux l'ont annoncée. Au début du mois, RIDEAU, qui représente près de 150 diffuseurs du milieu de la scène en a remis.

«Il y a de sérieuses questions à se poser quant à l'impact de cette mesure, a déclaré le président de l'organisme, Jean-Pierre Leduc, par voie de communiqué. En effet, une telle diminution aura très peu d'impact sur la consommation. On le sait, c'est avant tout l'intérêt et non le prix qui motive la consommation de produits culturels. Est-ce que les habitudes de consommation des Québécois changeront si le billet pour un spectacle leur est offert à 35 $ plutôt qu'à 38 $? Il nous est permis d'en douter.»

 

Quelques coups de coeur

Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Culture, Christine St-Pierre assiste à de nombreux spectacles, événements et festivals. En tant que grande consommatrice de produits culturels - cinéma, télé, livres - La Presse a voulu connaître ses coups de coeur.

> Votre émission de télé québécoise préférée: «D'abord, je n'ai pas beaucoup le temps de regarder la télé. Mais, présentement, j'ai les DVD d'Aveux et je veux absolument voir les épisodes. Je consomme beaucoup d'information. Je suis abonnée aux Coulisses du pouvoir tous les dimanches. J'aime bien Tout le monde en parle

> Un film québécois particulièrement touchant: «La vie avec mon père. Et j'ai vu Dédé à travers les brumes trois fois.»

> Votre salle de spectacle préférée: «À Montréal, je trouve que le Saint-Denis - ni pour le confort ni pour sa beauté - a quelque chose qui dégage. À Québec, c'est Le Capitole.»

> Un livre qui vous a particulièrement touchée: «Je ne suis pas encore revenue de Dany Laferrière... (L'énigme du retour) J'ai lu ça pendant mes vacances. Tu le lis lentement parce que tu ne veux pas que ça arrête.»