La technologie IMAX et les prises de vues spectaculaires, le réalisateur d'Arctique 3D, Greg MacGillivray, connaît. Depuis le milieu des années 70, sa compagnie a produit 35 films IMAX et mis au point des caméras spécialement pour ce type de film. C'est vers lui que Stanley Kubrick s'est tourné pour filmer la séquence d'ouverture de The Shining, ces magnifiques plans à vol d'oiseau du Glacier National Park, au Montana, et c'est lui que Christopher Nolan a consulté pour tourner les images IMAX de The Dark Night.

À l'occasion de la sortie de son nouveau documentaire, Arctique 3D (To The Arctic 3D, en version anglaise), le cofondateur de MacGillivray Freeman Films et pionnier du cinéma IMAX et du 3D sur grand écran nous offre ses réflexions à propos de la surenchère des technologies 3D au cinéma.

Q Quels sont les défis technologiques à relever dans le domaine de l'IMAX 3D?

R L'arrivée des caméras et des projecteurs numériques offre une perspective très intéressante, mais la technologie ne permet pas encore une qualité optimale. Aujourd'hui, la qualité de la pellicule pour IMAX 3D est encore de 20 à 30% supérieure à ce qu'on peut obtenir en tournage numérique. À l'avenir, la numérisation de la technologie nous permettra de transporter les caméras dans des endroits encore inatteignables et de nous rapprocher de notre sujet. Le tournage au ralenti sera facilité. Enfin, la possibilité de laisser la caméra rouler [ndlr: sur pellicule IMAX, il faut constamment changer la bobine] est cruciale.

Q Quelles innovations avez-vous réalisées avec votre nouveau film?

R La plus grande innovation réside dans la beauté de ses images. On a exploité au maximum toutes les scènes tournées. On a investi beaucoup de temps et d'argent sur chacune des images pour les transposer le mieux possible de la caméra à l'écran, sur le plan du calibrage des couleurs, de la précision et du 3D. Sincèrement, vous avez vu les meilleures images que l'IMAX 3D peut offrir... pour l'instant!

Q Que pensez-vous de l'utilisation du 3D comme argument de vente du cinéma hollywoodien?

R Le réalisateur a une question à se poser: est-ce que le 3D est vraiment nécessaire pour mieux raconter une histoire et captiver l'auditoire? Pour Arctique 3D, il me semblait que le 3D ajoutait une proximité, une intimité entre le spectateur et les animaux. Mais pour d'autres types de films, ça importe moins, ce n'est qu'un bonbon. J'ai même tendance à croire que le 2D est meilleur, car la lumière est plus belle et la précision des images, supérieure. Tout ça parce que les lunettes qu'on doit porter pour voir un film en 3D dégradent légèrement la qualité de l'image.

Q Peter Jackson a défrayé la chronique pour avoir filmé The Hobbit en 48 images/seconde (un film traditionnel utilise 24 images/seconde). Cela a été contesté par ceux qui, voyant les images, s'imaginaient regarder la télé HD. Votre avis?

R J'ai étudié ces techniques, j'ai joué avec du 48 images/seconde, même avec du 60 i/s. Je suis d'accord avec vous: on est habitué au 24 i/s, qui donne au cinéma son atmosphère. Cela dit, il y a moyen d'utiliser le 48 à dessein. Ce n'est pas parce que tout a été filmé en 48 qu'on se doit de l'utiliser tel quel. Ce qui compte, c'est moins comment cela a été filmé que comment ce sera présenté au public. Peter Jackson est un cinéaste intelligent; je crois qu'il saura utiliser du 24 pour certaines scènes et du 48 pour d'autres, comme de grands panoramas.