Quand ils se libèrent, les taux fixes secouent de mille manières. En voici sept, soumises par nos lecteurs.

L’enfer

« Je viens de renouveler mon hypothèque. L’enfer. J’avais signé un terme de quatre ans en février 2020, juste avant la COVID-19, à 2,72 %. Deux semaines après avoir signé, les taux ont considérablement diminué. J’ai renouvelé il y a deux semaines à ma banque avec un taux, supposément bon pour un client exclusif, de 5,98 %. Grosse différence quand même pour le paiement mensuel : je passe de 1287,97 $ à 1535,50 $ pour un terme de trois ans. C’est quand même 247,53 $ de plus mensuellement. Mon solde est seulement de 150 000 $. J’imagine ceux à 300 000 $ et plus. »

– Yvon Roger

Flambée des taux et incendies de forêt

« Nous ne sommes pas à court de surprises ces dernières années… Avec un taux d’intérêt à 2 % qui bondit à 6,8 %, il va sans dire que le budget hypothécaire a changé ! Quand en plus on est en pleine séparation ! Nous avons dû remettre sur 20 ans une hypothèque qui aurait pu être finie de payer dans sept ans pour pouvoir joindre les deux bouts. C’est sans compter avec les assurances habitation qui ont augmenté à la suite des nombreux incendies de forêt qui nous ont cernés cette année. »

– Anick

L’investissement d’une vie

« Encore deux mois et mon prêt à 2,8 % sera majoré selon les taux d’intérêt en vigueur. Que faire ? Il s’agit d’un prêt sur un immeuble à revenus de trois logements grevé d’une hypothèque de 160 000 $. L’augmentation entraînera une hausse d’environ 500 $ par mois, ce qui représente une perte de la moitié des revenus mensuels avant impôts. J’ai toujours été délicat dans les augmentations de mes loyers. À preuve, mes loyers sont de 810 $ pour un quatre et demie, de 1085 $ pour un cinq et demie et de 1310 $ pour un six et demie avec garage, dans un immeuble de qualité supérieure. Alors qui va devoir assumer cette augmentation ? Pour la combler, je devrais augmenter mes loyers de 150 $ par mois chacun. Ma solution est de reporter le remboursement de l’immeuble sur 25 ans au lieu des 12 ans qui restent et d’augmenter les loyers de 50 $. Et d’espérer des jours meilleurs pour l’investissement d’une vie. Car j’ai aujourd’hui 69 ans, et mon épouse et moi avons vécu dans ce triplex pendant 25 ans pour avoir un plus à notre retraite. »

– Pierre

Projets de rénovation démolis

« Nous renouvelons notre hypothèque en juin 2024. Avec la hausse des taux d’intérêt, non seulement nous sommes inquiets de ce qui nous attend l’été prochain, mais nous avions comme projet de profiter de notre renouvellement pour refaire la cuisine. Nous ne savons vraiment pas si nous allons pouvoir le faire. »

– Sophie

Ne pas se laisser faire !

« J’ai dû renouveler mon hypothèque le mois passé, justement. C’est sûr que cela a fait mal, mais la bonne philosophie de vivre à la hauteur de ses moyens m’a servie. J’ai une petite hypothèque. À la suite d’un divorce, je me suis racheté un petit condo (avant la folie de la pandémie et les prix de fou). Pour un emprunt de 130 000, $ cela représente tout de même une augmentation de 50 $ par semaine, donc plus de 200 $ par mois. Mais je suis fière d’avoir négocié avec mon institution financière et grâce à ça, j’ai baissé mon taux sur trois ans ferme à 5,99 % au lieu des 6,50 % du départ. J’ai quand même passé un bon mois à magasiner mon taux, appeler des courtiers, d’autres banques, etc. Voilà ma petite histoire. Tout n’est pas noir non plus, alors même si c’est banal, je voulais faire valoir aux autres qu’il ne faut pas se laisser faire et de magasiner son taux ! »

– Stéphanie Gémar

Actif avec ses actifs

« Mon terme de 55 mois […] vient à échéance en mai 2024. Il est clair que mon prochain passage de 2,68 % à 6 % aura des impacts sur mon budget. Je vais devoir transférer de mes placements pour conserver à peu près le même montant mensuel en remboursement. Et cette réalité (utilisation d’actifs pour diminuer l’hypothèque) sera de plus en plus une réalité au niveau des banques et caisses. »

– Charles Auger 

Inquiets pour leurs dernières années de vie

« Nous sommes un couple de 67 ans. À la suite d’une maladie dégénérative, mon conjoint a dû cesser de travailler à l’âge de 42 ans, ce qui a eu comme impact de diminuer son salaire de 1200 $ net mensuellement. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, ça allait quand même, mais avec le contexte actuel, l’exercice devient très difficile. Notre hypothèque nous coûtera tout près de 600 $ de plus par mois. Nous sommes passés d’un taux de 1,9 % à 6 %. Même si nous voulions en rembourser la moitié, ce n’est pas possible à cause de l’impact fiscal. En 35 ans de mariage, nous n’avions jamais eu à faire vraiment attention aux dépenses. Le portrait a changé quelque peu et c’est certain que nous sommes inquiets pour les années qu’il nous reste à vivre. »