Quelques stratégies pour réduire la pression des taux… dans la mesure du possible.

Agir tôt sur ce taux

« La première des choses, c’est d’anticiper votre période de renouvellement. Poser des questions, ça vous permet de protéger un taux, de rééquilibrer votre budget pendant quelques mois, ou si nécessaire, de prendre le temps de le restructurer », indique Patrick Dumond, courtier hypothécaire chez Multi-Prêts Hypothèques.

« Quand les clients sont proactifs, quand ils vont anticiper leur échéance hypothécaire ou leur financement, on remarque qu’ils vont être beaucoup plus zen vis-à-vis de ces augmentations. »

Protéger un taux

« Avec la majorité des institutions financières, il est possible de protéger un taux d’intérêt jusqu’à quatre mois d’avance, donc 120 jours, souligne Patrick Dumond. Ça permet premièrement au client de bien préparer son budget. Et deuxièmement, il profite du meilleur taux entre celui à l’échéance du renouvellement et le taux qu’il aura réservé initialement. Au cours des derniers mois, les clients qui ont utilisé cette stratégie ont gagné beaucoup au change. »

Comparer et réviser

« Comparez ! lance encore Patrick Dumond. Il y a eu des temps où les taux étaient assez égaux d’une institution financière à l’autre. En ce moment, ça vaut vraiment la peine de comparer. »

Et deux fois plutôt qu’une.

« Donc quatre mois à l’avance, on protège un taux d’intérêt et 30 jours avant l’échéance, on révise avec l’institution financière existante et avec les autres institutions financières : est-ce que le marché est plus favorable à un changement d’institution financière ou à une renégociation avec l’institution initiale ? »

Se fixer sur 3 ans ou 5 ans ?

Les propriétaires sont déchirés entre les taux fixes de trois ans (6,14 % en date du 2 novembre chez Multi-Prêts) et cinq ans (5,74 %).

« Les gens sont hésitants entre le taux et la mensualité plus faible d’un 5 ans et un terme plus court qui leur permettrait de profiter éventuellement d’une potentielle baisse », constate Patrick Dumond.

« Pour une hypothèque de 300 000 $, un écart de 0,4 % peut représenter 3500 $ d’intérêts en trois ans, indique le courtier. Est-ce qu’on préfère sauver de l’argent pendant trois ans et prendre une chance les deux années suivantes ? Ou bien payer 3500 $ d’intérêts de plus en espérant que les taux seront plus bas après trois ans ? »

La décision se prendra « en fonction de leur situation financière, en fonction de leur tolérance au risque, mais aussi en fonction de leurs besoins ».

Prévoir l’impact sur le budget

« Il faut connaître l’effet sur son budget pour qu’on puisse voir ensemble quelles sont les façons de minimiser l’impact de la hausse sur la mensualité hypothécaire et sur les autres engagements du client », recommande le courtier hypothécaire de Multi-Prêts.

« Si le paiement calculé ne convient pas à la situation financière actuelle, une analyse approfondie du portait financier est enclenchée », confirme Jean-Benoit Turcotti, porte-parole du Mouvement Desjardins.

Diverses solutions sont alors envisagées, énumère-t-il :

  • revoir le budget et fixer des limites de dépenses ;
  • réévaluer les dépenses ou charges essentielles ;
  • rembourser une dette pour alléger le budget ;
  • refinancer ou consolider des dettes pour réduire les paiements ;
  • évoquer la possibilité d’alléger son budget en vendant un bien.

Utiliser le levier domestique

« On peut en profiter en même temps pour évaluer l’opportunité d’utiliser le levier de la maison, parce qu’elles ont pris beaucoup de valeur dans les dernières années, soulève Patrick Dumond. On pourra peut-être payer certaines autres dettes personnelles ou les réamortir, pour permettre au client de souffler un peu. »

Étirer l’amortissement

« Si aucune solution n’est possible, le dépassement de l’amortissement au-delà de 30 ans de la date d’ouverture initiale est une option envisageable, de dernier recours et à certaines conditions », informe Jean-Benoit Turcotti.

L’emprunteur « doit être conscientisé que plus l’amortissement est long, plus il y aura des intérêts à payer, ajoute-t-il. Finalement, l’utilisation de cette solution doit être offerte en respectant les lignes directrices de l’AMF [Autorité des marchés financiers] et les conditions des assureurs ».