Les experts s'entendent : nous avons, au Québec, une culture d'entrepreneurs. Toutefois, la société distincte accuse un léger retard en la matière par rapport aux autres provinces canadiennes. Mais cela pourrait fort bien changer prochainement.

L'une des principales raisons est que le mot entrepreneuriat est sur toutes les lèvres. Il en est question comme jamais dans les écoles primaires et secondaires (grâce au Défi de l'entrepreneuriat jeunesse) et les universités (cours sur la création d'entreprises, rencontres avec des entrepreneurs, etc.).

Le sujet est également bien présent à la télévision (Génération inc., Les dragons, etc.) et dans les médias d'information (portraits d'entrepreneurs, dossiers sur l'entrepreneuriat, etc.). C'est sans compter les nombreux concours, fonds d'aide au démarrage et autres initiatives vouées à la cause, notamment le mentorat.

Bref, au dire d'Alain Aubut, président-directeur général de la Fondation de l'entrepreneurship, le potentiel chez les jeunes Québécois de 18 à 34 ans est "incroyable" ces temps-ci. «Selon l'Indice entrepreneurial québécois 2013, le quart des jeunes ont l'intention de se lancer en affaires. C'est le double de toute la population adulte québécoise», dit-il.

Choix de vie

Sans être tabou, l'entrepreneuriat n'est pas encore un sujet dont on discute en famille durant les repas, croit Alain Aubut. «La perception de l'entrepreneuriat comme un choix de vie, un métier, n'est probablement pas assez véhiculée, explique-t-il. Nos études démontrent cependant la très bonne perception qu'ont les Québécois en général de l'entrepreneuriat et des entrepreneurs. Ils sont vus comme des gens en général honnêtes et générateurs de prospérité pour la collectivité.»

Louis-Jacques Fillion, de HEC Montréal, soutient pour sa part que le Québec est en voie de connaître un important "éveil" entrepreneurial. «Il y a actuellement une vague d'entrepreneuriat qui déferle sur la planète. Et elle arrive au Québec», explique le professeur et titulaire de la Chaire d'entrepreneuriat Rogers-J.-A.-Bombardier.

Selon lui, l'entrepreneuriat n'a jamais autant été célébré. «Le nombre d'étudiants à HEC qui s'inscrivent à un cours optionnel en PME ou en création d'entreprises est passé de 100 à 2000 ces dernières années. Même chose quand un entrepreneur est invité : les classes sont toujours remplies à craquer. Et c'est comme ça dans toutes les autres business school ailleurs sur le continent», soutient-il.

L'entrepreneur de demain

Nataly Riverin, directrice générale de l'École d'entrepreneurship de Beauce, rappelle que la création d'entreprises a connu son apogée dans les décennies 1950 à 1970. Mais la présence d'une imposante fonction publique et la relance de l'emploi au tournant des années 2000 a quelque peu ralenti l'ardeur entrepreneuriale des Québécois.

Or, parallèlement, la démographie des PME s'est transformée et les besoins en «compétences entrepreneuriales» se sont accentués. Les nombreuses initiatives privées et publiques des dernières années laissent croire que nous assistons à un retour du balancier, croit Mme Riverin.

Et, selon elle, à quoi ressemblera l'entrepreneur de demain?

«Il a plusieurs options dans la vie, observe Nataly Riverin. Il choisit d'entreprendre. Il est social. Il souhaite se dépasser. Il commence le jour 1 avec le must de l'équilibre familial. Il est international. Il a besoin de vibrer avec son entreprise. Il est techno. Il fait face aux mêmes problèmes que tous les autres entrepreneurs, mais il pense qu'il sait plus de choses. Il va vivre les mêmes échecs et passer des nuits blanches pour les mêmes raisons que ses prédécesseurs. Il a toutefois l'ouverture de se prendre un mentor ou de se faire former», dit-elle.