Une croissance trop rapide peut être difficile à gérer pour les PME. Heureusement, plusieurs moyens s'offrent aux dirigeants pour y remédier.

Comment savoir si une entreprise est en croissance excessive? «Si votre fonds de roulement ne suffit plus, c'est mauvais signe», indique Natalie St-Pierre, associée au cabinet comptable RSM Richter Chamberland.

Le financement doit suivre

Le financement d'une PME doit toujours suivre la croissance de cette dernière. «Une forte croissance augmente les ventes, mais les comptes des fournisseurs augmentent eux aussi. Et bien souvent, ils veulent être payés plus rapidement que le rythme de paiement des clients», ajoute-t-elle.

Et pendant ce temps, les dépenses fixes, comme le loyer et les employés, doivent aussi être payées régulièrement et à temps.

Selon Natalie St-Pierre, une croissance excessive découle souvent des zones d'ombre qui se dévoilent après l'obtention d'un important contrat.

«Les entrepreneurs sautent sur l'occasion d'affaires et réalisent malheureusement après qu'ils doivent gérer l'achat de machinerie supplémentaire, l'embauche de main-d'oeuvre qualifiée, l'augmentation du service après-vente», souligne-t-elle.

Et la croissance excessive peut entraîner d'autres problèmes plus complexes à gérer.

«Si vous achetez la machinerie supplémentaire et que vous constatez ensuite qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée dans votre région?

«Il faudra aller la chercher ailleurs. Cette situation engendra des coûts supplémentaires. Et le fonds de roulement sera encore diminué», souligne Mme St-Pierre.

Pour augmenter son fonds de roulement, Simon Bédard, directeur régional des services aux entreprises chez BMO Groupe financier, suggère aux PME d'améliorer la gestion des actifs ou d'injecter des capitaux propres dans l'entreprise.

Les institutions publiques

Il admet toutefois que cette dernière solution n'est pas toujours réalisable. «C'est aussi une meilleure solution pour nous, le prêteur, que pour l'entreprise», avoue-t-il.

M. Bédard conseille aussi de se tourner vers des institutions gouvernementales comme la Banque de développement du Canada (BDC) et Investissement Québec.

Elles peuvent accorder des prêts supplémentaires aux entreprises ou simplement garantir à l'institution financière le remboursement d'un pourcentage des pertes nettes, si elle consent à prêter davantage à l'entreprise.

Grandir sans tout risquer

Tous les professionnels rencontrés sont unanimes: la croissance d'une entreprise ne devrait jamais être improvisée. Mais si une occasion d'affaires se présente, il faut la saisir et s'assurer d'être bien conseillé. Il est primordial de bien saisir tous les enjeux qui découleront de l'obtention d'un important contrat. Michel Turcotte, d'Investissement Québec, avoue que la croissance excessive peut représenter un problème pour l'entreprise. «Mais ça reste quand même un beau problème», souligne-t-il.

L'opinion d'Alain Bouchard, président d'Alimentation Couche-Tard

Il faut éviter d'ajouter de grosses structures. On a la recette très efficace de divisions décentralisées. Les seules choses que nous centralisons sont les fonctions informatiques, la comptabilité, les ressources humaines. Tout ce qui a un impact dans les magasins est décentralisé. On ne peut pas être efficace si on n'est pas près de son marché. Avec la décentralisation, il y a davantage de structures locales, mais il n'y en a pas en haut. Ici, au siège social, nous sommes 21 personnes.

Photo Olivier Pontbriand, collaboration spéciale

Alain Bouchard