Planifier la partie de la retraite où l'on voyage à moto de la plage au resto, c'est plaisant. Planifier sa fin de vie, où l'on voyage au centre commercial en minibus, ce l'est moins. Mais c'est aussi, sinon plus important.

«On voudrait tous mourir à 104 ans après une belle soirée de plaisir entre amis. Mais on sait tous que ça ne se passe pas toujours comme ça», dit Claude Paquin, président pour le Québec de Services financiers Groupe Investors.

Il faut alors préparer adéquatement la troisième phase de la retraite. Elle suit la première étape, souvent remplie d'activités, et la seconde, une période de transition. Elle est caractérisée par une augmentation des coûts de soins de santé.

Faute d'avoir bien planifié, deux choses peuvent se produire, dit Jocelyne Houle-LeSarge, présidente de Question Retraite.

«Le gouvernement est là pour nous donner les soins de base, mais on pourrait ne pas les recevoir de la façon qu'on veut, au rythme qu'on désire, dans un hébergement qu'on aime, dit-elle. On pourrait aussi devenir un poids pour sa famille.»

C'est d'ailleurs au moment de faire face aux difficultés d'un proche vieillissant que plusieurs personnes prennent conscience de la nécessité de planifier leur fin de vie. L'idéal, toutefois, c'est de commencer à planifier le plus tôt possible, estime Jocelyne Houle-LeSarge. «Plus on commence jeune, moins ce sera pénible.»

Car les soins de santé s'améliorent et l'espérance de vie augmente. Mais on ajoute les années de vie à la fin, pas au début. Cela signifie qu'on risque d'avoir besoin de soutien médical durant une plus longue période. Il faudra dépenser en soins pendant plus longtemps.

Antécédents familiaux

Par ailleurs, la planification de la fin de vie est un exercice futile si on tente de fuir la réalité. Il faut être conscient que l'espérance de vie augmente, mais aussi comprendre comment cette tendance nous affecte personnellement.

«Il faut être réaliste. On peut regarder son histoire familiale pour avoir une idée de sa longévité», dit Jocelyne Houle-LeSarge. Si nos parents et grands-parents ont vécu vieux, on a probablement plus de chances de vivre longtemps.

Il faudra planifier en conséquence.

«Si, à l'inverse, personne n'a vécu plus vieux que 50 ans dans notre famille parce qu'une crise cardiaque les a emportés, on voudra peut-être changer nos habitudes pour avoir des chances d'avoir une meilleure retraite.»

On doit donc prévoir. Au moment de se lancer dans la planification, il faut garder deux autres éléments en tête. Le premier, c'est la chute des taux d'intérêt depuis 25 ou 30 ans.

«Plusieurs personnes qui pensaient vivre à partir de l'argent tiré de titres à revenu fixe, comme des certificats de placement garanti, se rendent compte qu'elles n'y arriveront pas. Puisque les gens vivent plus longtemps, peut-être faut-il considérer une pondération supérieure en actions», suggère Claude Paquin.

Le second élément, c'est le coût de vie durant la troisième partie de la retraite. Il est parfois sous-estimé, remarque Jocelyne Houle-LeSarge.

Bien que l'âge des voyages ait pris fin, que l'hypothèque soit payée et que les enfants soient autonomes, nos dépenses ne diminuent pas. Elles demeurent généralement stables ou augmentent parce qu'on a besoin, par exemple, de soins à domicile ou d'aller vivre dans une résidence pour personnes âgées.

Finalement, la planification de sa fin de vie est un exercice difficile, mais essentiel, dit Claude Paquin. «Si on connaissait la date où l'on passera dans l'autre monde, ce serait facile à planifier. La meilleure approche, c'est d'être prêt pour le pire, mais de s'attendre au mieux.»