La philanthropie est, à l'image de la société, en pleine mouvance. L'Institut Mallet, qui travaille pour l'avancement de la culture philanthropique, suit de près et analyse les tendances dans le domaine. Son président et chef de la direction, Me Jean M. Gagné, présente à La Presse cinq tendances incontournables dans le monde de la philanthropie.

LES FEMMES DONNENT DE PLUS EN PLUS

D'après une étude de l'Institut Mallet sur la philanthropie au féminin, la somme totale donnée par les femmes a triplé en 30 ans au Canada, passant de 1,1 milliard de dollars en 1985 à 3,5 milliards en 2014. Pendant cette période, le total donné par les hommes a doublé, passant de 2,9 à 6,2 milliards. Les hommes font encore de plus grands dons que les femmes : 244 $ contre 155 $ en 12 mois en moyenne.

« De plus, si les femmes ont occupé un grand rôle historiquement auprès des organismes caritatifs, les hommes et les femmes donnent aujourd'hui autant de temps », indique Me Jean M. Gagné, également associé chez Fasken.

Environ 44 % des hommes comme des femmes donnent de leur temps, avec une moyenne d'heures par année similaire.

DES JEUNES MOBILISÉS

L'Institut Mallet remarque aussi que si les jeunes sont moins susceptibles de faire de grands dons que les gens plus âgés, ils sont portés à donner plusieurs petites sommes à des causes d'actualité. Ils le font, comme leurs aînés, pour suivre leurs valeurs, par compassion envers les gens dans le besoin et pour contribuer à la société.

« On les voit d'ailleurs se rassembler de plus en plus dans différents cercles de jeunes philanthropes », remarque MGagné.

Il observe aussi que les jeunes se mobilisent et s'impliquent davantage que les gens plus âgés sur le terrain et dans l'organisation d'événements.

« Les jeunes aiment mettre l'épaule à la roue, ajoute-t-il. Pourtant, on constate qu'ils sont encore peu sollicités dans les cégeps et les universités. »

DES ENTREPRISES PRESSÉES DE DONNER

L'Institut Mallet remarque aussi une pression sociale positive envers l'engagement des entreprises en philanthropie.

« Les jeunes employés exercent de la pression auprès des dirigeants pour qu'ils s'engagent de façon concrète et, d'ailleurs, c'est aussi devenu un élément qui aide le recrutement, affirme Me Gagné. Les entreprises regardent aussi maintenant si leurs dons sont à la hauteur de ceux de leurs concurrents. L'importance que les jeunes accordent à l'engagement est donc favorable à l'avancement de la culture philanthropique à différents niveaux. »

FORTE CROISSANCE DES FONDATIONS PRIVÉES

Les fondations privées se multiplient au Québec, révèle une autre étude de l'Institut Mallet. Leur nombre a augmenté de 57 % entre 2005 et 2015. Elles sont maintenant plus de 900 sur un total de 16 500 organismes de bienfaisance. Les dons aux fondations privées ont aussi explosé pendant la même période avec une augmentation de 92 %. Le taux d'augmentation des actifs a pour sa part été de 140 % pour les fondations privées, atteignant près de 10 milliards de dollars en 2015.

MOINS DE DONATEURS INDIVIDUELS

Même si la philanthropie a la cote, on constate au Québec et au Canada une diminution du nombre de donateurs. La baisse est de 1 % au Québec et de 1,8 % au Canada entre 2015 et 2016. Par contre, si la valeur des dons de charité a diminué de 2,7 % au Canada, elle a crû de 0,8 % au Québec pendant la même année.

« Il faut savoir aussi que les trois quarts des donateurs ont 50 ans et plus, précise Jean M. Gagné. Il est donc important de continuer à faire avancer la culture philanthropique, particulièrement chez les jeunes. »

PHOTO FOURNIE PAR LE MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL

Événement Art Série du Cercle des jeunes philanthropes du Musée des beaux-arts de Montréal

philanthropie 2 MBAM, Photo fournie par MBAM