L'industrie manufacturière traditionnelle est la base de l'économie en Mauricie, mais depuis quelques années, un virage s'effectue, à Trois-Rivières et à Shawinigan, vers le développement d'entreprises technologiques. Plusieurs initiatives ont aussi été mises en place pour les soutenir. Toutefois, la rareté de la main-d'oeuvre qualifiée, particulièrement dans le contexte du vieillissement de la population, est un défi réel auquel différents intervenants s'attaquent.

Le premier accélérateur d'entreprises de Trois-Rivières ouvrira officiellement en juin, mais déjà, il affiche complet.

« Nous récupérons des friches industrielles et nous les rénovons pour en faire des lieux intéressants pour différentes petites entreprises tournées vers les technologies qui ont besoin de soutien pour poursuivre leur croissance », indique Mario De Tilly, directeur général d'Innovation et développement économique Trois-Rivières.

Déjà, les Trifluviens ont inauguré l'incubateur Novocis en 2016, pour les entreprises actives en recherche et développement (R&D) dans les domaines des technologies.

« Les accélérateurs pour les entreprises technologiques se multiplieront dans les prochaines années. Ils sont l'une des constituantes de l'écosystème que nous mettons en place pour soutenir les entrepreneurs. » 

- Mario De Tilly, directeur général d'Innovation et développement économique Trois-Rivières

Shawinigan est aussi très actif dans ce créneau avec l'incubateur et accélérateur DigiHub, qui a commencé ses activités en 2015. Pour attirer des entreprises, il a créé des pôles spécialisés, comme celui des usines intelligentes.

Les technologies pour améliorer la productivité des usines sont un réel besoin au Québec, et particulièrement en Mauricie, où les installations sont nombreuses.

VIRAGE ESSENTIEL

Le lancement de start-up à Shawinigan et à Trois-Rivières donne un coup de pouce à l'économie de la Mauricie qui, traditionnellement, accueille plutôt des entreprises dans le domaine des produits forestiers, du meuble et de la métallurgie.

« C'est la base industrielle de la région, mais ces domaines connaissent des enjeux depuis plusieurs années et n'ont pas la cadence pour assurer une croissance aussi forte que ce qu'on voit ailleurs au Québec », indique Chantal Routhier, économiste au Mouvement Desjardins.

Des efforts de redynamisation se voient tout de même un peu partout dans la région.

« Certaines entreprises manufacturières développent des produits dans des créneaux spécialisés et réussissent à mieux tirer leur épingle du jeu, affirme Mme Routhier. Il y a aussi différents projets, comme l'usine de biomasse à La Tuque et celle de fabrication de charbon biologique dans la MRC de Mékinac. »

Malgré les défis, la croissance est au rendez-vous en Mauricie. Le Mouvement Desjardins prévoit un rythme de plus de 2 % pour 2018.

Les négociations actuelles sur le bois d'oeuvre et l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) représentent toutefois des risques importants pour la région.

« Ces dossiers viennent directement toucher à la base de l'économie, alors on suit de près leur évolution », indique l'économiste.

EFFORTS DE RECRUTEMENT

La Mauricie multiplie les efforts pour se dynamiser, mais son grand défi demeure la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée.

« Si c'est un enjeu partout dans la province, la Mauricie doit composer avec une population plus vieillissante que dans le reste du Québec, et cela fait pression sur le marché du travail et sur l'économie », affirme Chantal Routhier.

L'incubateur Novocis. Photo David Boily, La Presse 

Les initiatives pour favoriser le recrutement se multiplient, alors que le premier colloque régional sur la main-d'oeuvre s'est tenu en mars à Shawinigan pour trouver des solutions innovantes et mieux outiller les employeurs.

Innovation et développement économique Trois-Rivières travaille par exemple sur l'attraction de gens des autres régions du Québec.

« On fait des campagnes de recrutement numériques en collaboration avec certains employeurs et ça fonctionne bien, affirme Mario De Tilly, lui-même originaire de Montréal. Il faut aussi attirer davantage de nouveaux arrivants dans la région. »

Le DigiHub a également tenu au printemps une journée découverte en présence d'employeurs pour tenter de convaincre les finissants du cégep de Trois-Rivières dans les domaines électrique et électronique de rester dans la région.

« Il y a beaucoup de défis en Mauricie, affirme Chantal Routhier, mais on voit que les différents acteurs se retroussent les manches parce que la région s'en sort bien malgré le contexte. »