D’ici la fin de novembre, l’École d’entrepreneurship de Beauce annoncera un nouveau projet pour encourager les jeunes à se lancer en affaires. « Je ne peux pas trop en dire », indique Isabelle Le Ber, directrice générale de l’établissement, pour qui la réalité est moins sombre que l’actualité. Entrevue.

Une récente étude de la Banque de développement du Canada révélait que l’entrepreneuriat est en déclin au pays. Est-ce une réalité que vous avez constatée ?

Non, mais ma réalité est tout autre parce que les entrepreneurs sont chez nous. Moi, je suis entourée au quotidien d’entrepreneurs, et ça fait 13 ans qu’on lance quatre cohortes d’entrepreneurs par année. Jusqu’à cet automne, c’était en croissance, dans le sens qu’on avait au début de l’École des cohortes de 20-22 entrepreneurs et l’année dernière, on acceptait 25-27-30 par cohorte.

Cet automne, dans les dernières semaines, on a senti le ralentissement, mais pas par rapport à cette étude-là, par rapport à la situation économique. Le contexte économique fait en sorte que les banques et les entrepreneurs sont plus prudents à l’heure actuelle.

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Isabelle Le Ber

Cela dit, les statistiques sont là, on sait qu’il y a une baisse d’entrepreneurs établis. Nous, on voit beaucoup de repreneurs. Il y a des hausses, au Québec, de repreneurs. Et de tous les âges. J’ai des professionnels qui ont travaillé toute leur vie pour un employeur et qui décident d’acheter une business. Des jeunes qui font l’acquisition d’une, deux ou trois business, j’en vois aussi. C’est le milieu dans lequel on nage, donc j’ai peut-être un regard biaisé par rapport à ce qui se passe. Peut-être que la baisse, je vais la voir dans les prochaines années. Il faut l’avoir en tête pour la suite des choses, mais actuellement, moi, je ne peux pas dire que je la sens.

Vous ne constatez donc pas qu’il y a moins de nouvelles entreprises qui sont lancées ?

Chez nous, on a peu de start-up, on fait beaucoup plus affaire avec des entreprises établies. Le programme Élite, c’est un programme qui frôle les 70 000 $ – on est à 67 000 $ – et Émergence, on s’approche des 30 000 $, donc ça prend un certain revenu pour se payer ça. La business en bas de cinq ans, moi, je ne la vois pas chez nous. Je suis comme à l’opposé de ce qu’on lit dans les journaux. Ici, on les voit, les initiatives des entrepreneurs. Ce sont des gens qui ont tellement envie de changer, de trouver des solutions… J’ai comme hâte qu’on encourage les entrepreneurs. J’ai l’impression que c’est très noir, ce qu’on tapisse.

Croyez-vous que l’entrepreneuriat devrait être plus valorisé ?

Bien oui ! Valorisé, soutenu, encouragé. Ce sont les moteurs de notre société, les entrepreneurs. Ils payent des taxes, ils donnent des emplois. Dans toutes les catastrophes humanitaires, il y a des entrepreneurs qui ont mis la main à la pâte, sans compter tous les projets philanthropiques. Ça prend des mécènes pour financer de beaux projets de société. Et c’est ça qu’il faut encourager.

Quand on lit les journaux, qu’on regarde l’actualité, c’est décourageant. Ce qu’on devrait dire, c’est comment on facilite la job des entrepreneurs. Il y a beaucoup de partenaires dans l’écosystème qui sont en train de se mobiliser pour aider la situation actuelle. J’ai très confiance en ce qui s’en vient. Il faut les soutenir et il faut encourager ça à tous les niveaux de la société.