La croissance d’une PME, ce n’est pas seulement une histoire de volume de ventes. Il existe plusieurs facteurs à considérer, à différentes étapes du processus. Voici quatre conseils d’expert pour éviter que la croissance de votre entreprise ne dérape.

Se préparer adéquatement

Il est très important que l’entrepreneur, avant de commencer à faire grandir son entreprise, se demande pourquoi il désire le faire. « Cette étape est centrée sur l’état d’esprit de l’entrepreneur et de son équipe. Il faut être disponible à se faire challenger », soutient Jorge H. Mejia, professeur agrégé au département d’entrepreneuriat et innovation de HEC Montréal. Il sera important d’être à l’écoute durant la croissance, c’est-à-dire de tendre l’oreille à vos collaborateurs au sujet de leurs inquiétudes ou de leurs envies. Tant l’entrepreneur que les collaborateurs et la PME en tant qu’organisation doivent être prêts à croître. « Cela implique de remettre en question l’ensemble des compétences dont nous disposons, et aussi d’envisager la possibilité d’acquérir de nouvelles compétences », ajoute-t-il.

Éviter les pièges

La deuxième étape de la croissance s’intitule « croissance en action », selon le professeur Mejia. « L’un des défis de cette étape, c’est d’éviter de tomber dans le piège de la croissance, qui consiste à fixer notre attention uniquement sur le volume des ventes, illustre-t-il. L’augmentation des ventes [doit] se traduire en bénéfice pour l’organisation. » Pour ce faire, il faut également porter attention aux « nouveaux marchés, à l’augmentation du capital, des revenus et des salariés ». Traditionnellement, les très petites entreprises fonctionnent de façon « informelle », car elles reposent énormément sur les relations de proximité. L’entrepreneur devra donc changer d’état d’esprit et opter pour une organisation plus structurée, plus formelle, pour ne pas perdre le fil.

Coordonner son rythme

Il n’existe pas de rythme parfait pour la croissance d’une entreprise ; ce serait bien trop facile ! Par contre, il existe des variables communes à chacune d’entre elles, comme l’importance d’assurer une bonne communication entre ses différents services. « Il ne faut pas travailler en silo », martèle Jorge H. Mejia, qui est également directeur de l’Observatoire de l’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale – HEC Montréal. Les équipes de marketing, de vente et de production doivent impérativement être synchronisées, sans quoi votre croissance peut vraiment tomber dans le fossé. Autre facteur : « Les ambitions du propriétaire peuvent parfois être trop élevées. Le reste de l’organisation n’arrive pas à suivre son rythme. Il faut avoir cette conscience », conseille le professeur Mejia.

Ne pas négliger les offres d’achat

Une fois que la croissance est bien avancée, voire presque atteinte à votre goût, il se peut très bien qu’une entreprise de la concurrence souhaite vous faire une offre d’achat. Cela peut notamment être le cas si, de surcroît, vous avez des valeurs semblables à celles de la concurrence. « Il faut être préparé, avance Jorge H. Mejia. La plupart des entrepreneurs ne se posent même pas cette question et quand elle arrive, ils n’ont pas fait une évaluation fiscale des actifs, soit leurs ressources et leurs compétences. Et quelques fois, l’offre est beaucoup plus basse [que leur valeur réelle]. Je recommande donc de faire quelque chose de très difficile pour un président-directeur, c’est-à-dire de prendre du recul et se questionner : “Quelle est ma valeur avant, pendant et après la croissance ?”’ »