L’entreprise québécois a mis au point une nouvelle technologie pour le recyclage des terres rares.

Présents, entre autres, dans les voitures électriques, les éoliennes, les hydroliennes, les moteurs industriels et les disques durs d’ordinateur, les aimants permanents sont majoritairement recyclés en Chine. Connu comme développeur de technologies propres pour l’extraction, le raffinage et le recyclage de terres rares, Ressources Géoméga a décidé de s’attaquer à ce marché en construisant une usine de démonstration de recyclage d’aimants à Saint-Bruno-de-Montarville.

Le projet de plus de 5 millions de dollars a reçu récemment une subvention de 3 millions du programme Technoclimat du gouvernement du Québec parce qu’il permettra de réduire l’émission de gaz à effet de serre. Les travaux débuteront à l’été et l’usine de démonstration devrait commencer ses activités à la fin de l’année 2023. « Ce ne sera pas de gros volumes, on parle de 1,5 tonne par jour, soit autour de 20 tonnes par mois. On s’attaque autant aux déchets de production qu’aux produits en fin de vie », explique Kiril Mugerman, président-directeur général de Ressources Géoméga.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Kiril Mugerman, président-directeur général de Ressources Géoméga

Des terres rares pas si rares

Au cours de leur processus de fabrication, les aimants permanents font appel aux terres rares, un groupe de 15 éléments appelés « lanthanides », dont 14 sont des éléments naturels et stables. Au total, ce groupe possède des propriétés chimiques et physiques uniques en raison de la variation de la configuration électronique entre les terres rares individuelles. Attention toutefois, les terres rares ne sont pas rares, malgré ce que leur nom pourrait laisser croire. Ce qui les rend si particulières est la difficulté de les séparer en éléments simples d’une grande pureté en raison de leurs similitudes chimiques. « Ce qui est triste, c’est que s’il n’y a pas de séparation des éléments, ceux-ci n’ont plus vraiment de valeur », constate Kiril Mugerman.

Un recyclage plus efficace qu’en Chine

C’est ici qu’intervient Ressources Géoméga. L’entreprise a réussi à développer, grâce à l’apport de son directeur des nouvelles technologies et chercheur, Pouya Hajiani, un procédé d’extraction et de raffinage unique. « Par rapport aux méthodes employées en Chine et en cours de développement dans le monde, notre procédé a des taux de récupération plus élevés de terres rares. Nous réutilisons aussi plus de 90 % de nos réactifs et nous ne produisons pas d’effluents solides ou liquides. Nous pouvons utiliser cette méthode autant sur des aimants en fin de vie que sur des déchets de production. »

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Pouya Hajiani, directeur des nouvelles technologies de Ressources Géoméga

Un marché en croissance

Une fois les éléments récupérés, l’objectif de Ressources Géoméga est de les remettre sur le marché afin qu’ils entament un nouveau cycle de vie. En raison de l’énorme demande d’aimants pour les véhicules électriques et les énergies renouvelables, de nombreuses nouvelles usines d’aimants sont prévues tant en Europe qu’aux États-Unis et au Mexique. Kiril Mugerman n’est pas inquiet face à cette future concurrence. « Dans l’ensemble, la demande de recyclage des terres rares des aimants est une énorme opportunité. Nous construisons notre usine de démonstration pour démontrer les avantages économiques, son efficacité et surtout prouver les avantages environnementaux de notre technologie. »

Un autre grand projet avec Rio Tinto

Cela fait plus de 70 ans que les chercheurs espèrent trouver une solution aux résidus de bauxite qui représentent un défi environnemental pour les alumineries. Ressources Géoméga a fait un pas dans cette direction avec la construction à Boucherville d’une usine pilote, un autre projet de 4 millions en partenariat avec Rio Tinto. « La technologie que nous développons pourrait potentiellement avoir un impact important sur l’aspect environnemental de la production d’aluminium au Québec et dans le monde. Nous avons encore beaucoup de travail devant nous, mais grâce au soutien de Rio Tinto, du gouvernement du Québec et du gouvernement fédéral, nous voyons beaucoup de potentiel dans notre technologie et nous attendons avec impatience les résultats importants de nos tests pilotes plus tard cette année. »