On entend de plus en plus parler des Family Offices lorsqu’il est question de gestion de patrimoine. Mais ce n’est certainement pas pour tous. Petite incursion dans un monde où il y a beaucoup, beaucoup d’argent.

Les Family Offices existent en fait parce que des familles extrêmement riches font appel à un groupe d’experts qui s’occuperont de tout ce qui les concerne sur le plan financier, de la gestion des placements à la planification financière et successorale en passant par la fiscalité, les transferts d’entreprises, et même la conciergerie.

Le tout sera orchestré par un gérant du Family Office qui sera à leur service de façon exclusive. On s’occupera même du jet privé et du yacht, peu importe où ils se trouvent.

Selon Forbes, il y aurait une centaine de milliardaires au Canada. Si bien peu de gens peuvent ainsi avoir un besoin et les moyens de se constituer un Family Office, cette façon d’aborder la gestion de patrimoine ouvre quand même des pistes au secteur de la gestion privée. Des institutions financières annoncent même une offre de Family Office. Mais qu’en est-il vraiment ?

On copie le modèle

En se dotant d’un Family Office, les gens très riches créent en somme leur propre gestion privée, explique Éric Bujold, premier vice-président à la direction et cochef Entreprises et Gestion privée de la Banque Nationale. « À la Banque Nationale, on tend à ce que notre offre de gestion privée comporte tous les services compris dans un Family Office, dit-il. En somme, on s’inspire d’eux, de leur philosophie qui consiste à tout regrouper sous un même toit et d’être présent en tout temps, et on rend cette offre de gestion disponible à un nombre de familles de plus en plus grand et de tailles variées. »

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Éric Bujold, premier vice-président à la direction et cochef Entreprises et Gestion privée de la Banque Nationale

Des modèles d’affaires comme le nôtre sont certainement un pas important vers la démocratisation de la gestion de patrimoine.

Éric Bujold, premier vice-président à la direction et cochef Entreprises et Gestion privée de la Banque Nationale

Des fortunes personnelles plus nombreuses

Il ne faut pas s’étonner que les institutions financières aient à l’œil le modèle des Family Offices. La fortune d’un grand nombre de familles s’accroît de génération en génération, et le phénomène ne va certainement pas ralentir. Sur un horizon de 7 à 10 ans, les statistiques montrent que 41 % des entrepreneurs vendront leur entreprise, note Suzanne Tremblay, directrice générale, Gestion privée Desjardins. Les familles s’enrichissent, ce qui rend plus complexe la gestion du patrimoine.

Chez Desjardins, on s’inspire du modèle des Multi-Family Offices qui regroupent plusieurs familles.

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Suzanne Tremblay, directrice générale, Gestion privée Desjardins

Le but est d’abord d’accompagner la famille durant toute la vie de l’entreprise avec le financement et en la préparant à la vente ou au transfert éventuel de celle-ci. Et ensuite, on assurera la pérennité du patrimoine.

Suzanne Tremblay, directrice générale, Gestion privée Desjardins

Les services qui se grefferont à cet accompagnement couvriront entre autres la fiscalité et la structure de l’entreprise. Toutes les ressources nécessaires sont en place chez Desjardins. « Le modèle du Multi-Family Office offre ainsi une approche de gestion privée, à la fois entrepreneuriale et familiale », dit Suzanne Tremblay.

De la place aussi pour les plus petits acteurs

Bien qu’une offre de gestion privée calquée sur le modèle des Multi-Family Offices nécessite l’apport d’un grand nombre de ressources, elle n’est pas uniquement le propre des institutions financières. Certaines firmes de gestionnaires de patrimoine indépendants s’immiscent quand même dans ce modèle. C’est le cas chez De Champlain Groupe financier.

Le modèle du Multi-Family Office fait appel entre autres à des comptables, des notaires, des avocats, des fiscalistes, des coachs d’affaires, des experts en transfert d’entreprise, et même des services de conciergerie privés. « Au-delà de nos ressources internes, nous allons puiser chez des ressources à l’extérieur de notre entreprise pour remplir tous ces besoins, explique Sylvain de Champlain. Le Family Office est un concept que nous voulons calquer, car il nous permet de ratisser plus large. »