De plus en plus nombreuses à s’intéresser à la gestion de patrimoine, les femmes s’appuient sur des valeurs particulièrement favorables à la gestion de long terme. Cela est d’autant plus vrai en période de volatilité boursière. Survol de la question avec deux expertes.

Orientées vers des objectifs de long terme et la sécurité financière, les femmes disposent d’atouts de poids pour faire fructifier le patrimoine accumulé durant leur carrière professionnelle.

C’est que les Canadiennes disposent de plus en plus de moyens pour cela. L’écart de rémunération entre les hommes et les femmes est passé de 23,9 % à 18,2 % entre 2000 et 2016, selon des données compilées par Valeurs Mobilières Desjardins. Et chez les contribuables percevant un revenu de 270 900 $ ou plus, le revenu médian des femmes était inférieur de 8,5 % à celui des hommes.

Certes, il reste un écart de rémunération, mais celui-ci tend donc à se réduire entre les deux sexes. Et il diminue particulièrement parmi les personnes ayant de hauts revenus.

Or, plus les femmes voient leur rémunération s’élever, plus elles s’intéressent à la gestion de leur patrimoine. Elles s’y intéressent plus que les hommes : 69 % des femmes accordent une priorité haute ou absolue à leurs finances, comparativement à 59 % chez les hommes, selon Desjardins.

« Oui, les femmes ont davantage de place pour investir, et elles sont plus intéressées par l’investissement », confirme Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée Gagné Johnston (Valeurs mobilières PEAK), qui se félicite de voir arriver de plus en plus de femmes dans la clientèle du secteur.

Les femmes recueillent le fruit de leurs évolutions de carrière, qui leur ont permis d’aller chercher des revenus supérieurs.

Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée Gagné Johnston (Valeurs mobilières PEAK)

Et Mme Gagné observe que les investisseuses ont souvent une vision à long terme — davantage que bien des hommes — qui démontre tout son intérêt face aux turbulences qui secouent les marchés financiers.

« Dans les périodes de fluctuation des marchés, les femmes peuvent plus facilement revenir à leurs perspectives de long terme et ainsi conserver leur plan de match », analyse Hélène Gagné. Puisqu’elles évitent de paniquer, elles s’écartent du danger de multiplier les transactions, un piège dans lequel tombent nombre d’investisseurs qui croient éviter les tumultes en achetant et en vendant à tout-va… mais qui génère de multiples frais qui grugent le rendement du portefeuille.

En matière d’investissements, « les femmes sont plutôt axées sur la sécurité financière que sur la prospérité à tout prix », souligne Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine. La protection les rejoint davantage que la performance et la fiscalité, remarque-t-elle. Cette préoccupation explique leur prudence et leur capacité à rester alignées sur leurs objectifs à long terme.

PHOTO ÉDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine

Les femmes préfèrent avoir une certaine prévisibilité dans les résultats, plutôt que prioriser le rendement à court terme.

Sophie Sylvain, planificatrice financière chez Desjardins Gestion de patrimoine

À ces vertus de prudence et de patience s’ajoute une quête de sens. Les investisseuses tendent à privilégier des placements qui rejoignent leurs préoccupations et leurs valeurs. Cette priorité s’observe à travers leur intérêt envers les investissements socialement responsables, constate Sophie Sylvain.

Si elle se réjouit de voir les femmes faire fructifier leur patrimoine de façon avisée, Hélène Gagné aimerait que ces qualités s’expriment aussi dans une relève davantage féminine parmi les professionnels de la gestion de patrimoine. « Les jeunes femmes peuvent avoir l’idée que la gestion de patrimoine, ce serait seulement des chiffres. Or, c’est surtout du relationnel : nous sommes là pour conseiller et accompagner quand ça va bien et quand ça va moins bien, en nous appuyant sur une planification financière, fiscale et successorale », souligne-t-elle, en espérant que davantage de femmes se tourneront vers son métier.