Alors que les hôpitaux utilisent actuellement une technologie inventée en 1916 pour administrer de l’oxygène aux patients, l’entreprise de Québec OxyNov veut conquérir le monde avec son appareil intelligent FreeO2. Il est déjà approuvé au Canada et en Europe, et une demande auprès de la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis vient d’être déposée.

L’oxygène, largement utilisé dans les hôpitaux, est vital pour bien des patients. Alors que le taux d’oxygène dans le sang fluctue beaucoup chez le patient en fonction de sa situation médicale et de son niveau d’activité, il doit toujours être maintenu à un taux optimal pour protéger les organes vitaux. C’est ce qu’on appelle le taux de saturation en oxygène dans le sang. Or, la technique qu’on utilise actuellement est loin d’effectuer un suivi en continu.

« Dans les protocoles internes dans les hôpitaux, on demande aux professionnels de la santé de mesurer le taux de saturation en oxygène dans le sang toutes les deux heures, mais dans la réalité, avec la pénurie de personnel et la surcharge de travail, on peut souvent voir huit heures s’écouler entre deux mesures », remarque Jasmin Lavoie, inhalothérapeute et vice-président, développement des affaires, chez OxyNov.

De plus, le tout est réalisé à la main et on n’a aucune donnée à propos de ce qui se passe entre deux mesures.

Avec FreeO2, le taux de saturation en oxygène dans le sang est mesuré en continu grâce à un capteur sur le doigt, et la quantité donnée au patient est ajustée en conséquence grâce à un algorithme. Le tout se fait sans intervention manuelle, donc en libérant du personnel, alors que la pénurie est criante. L’appareil, doté d’une alarme en cas de problème, enregistre aussi toutes les données du patient.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, COLLABORATION SPÉCIALE

Patrice Allibert, président d’OxyNov

C’est comme si on passait directement du téléphone à roulette à l’iPhone 14 : c’est une technologie de rupture.

Patrice Allibert, président d’OxyNov

Un impact mesuré dans le réel

Alors que l’une des priorités du gouvernement du Québec est de diminuer la durée des séjours dans les hôpitaux, FreeO2 a fait ses preuves. Dans les deux dernières années, l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), affilié à l’Université Laval, a réalisé une vitrine technologique avec 30 appareils FreeO2. Pas moins de 1000 patients aux urgences, dans l’unité COVID-19 et en pneumologie ont été traités avec l’appareil. Résultat : leur durée de séjour a été réduite de 30 %, ce qui a engendré des économies de plus de 2 millions de dollars.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, COLLABORATION SPÉCIALE

L’appareil intelligent FreeO2 développé par OxyNov

L’appareil s’assure que le patient reçoit toujours la quantité optimale d’oxygène, ce qui donne un traitement plus stable, alors sa récupération peut être plus rapide.

Jasmin Lavoie, inhalothérapeute et vice-président, développement des affaires, OxyNov

L’appareil a été approuvé par Santé Canada en 2019, mais c’est seulement en 2021 que les efforts de commercialisation ont commencé. OxyNov s’attend à obtenir une réponse de la FDA dans les prochains mois. La technologie a été créée par les deux médecins et chercheurs, Erwan L’Her et François Lellouche, qui ont fondé OxyNov en 2009.