Que peut-on faire avec 450 bouteilles de vin et 6300 barquettes de viande en polystyrène ? Une table à pique-nique. Explications.

L’économie circulaire fait de plus en plus d’adeptes, mais le concept n’a rien de nouveau pour Marcel et Daniel Bergevin, fondateurs de Simax. Depuis plus de sept ans, cette PME établie à Repentigny conçoit, fabrique et met en marché du mobilier urbain fait à 70 % de matières recyclées, dont 35 % de verre.

On est des patenteux avec une mentalité d’environnementalistes. On cherche toujours à innover et à se démarquer.

Marcel Bergevin, président de Simax

Chaque année, c’est plus de 100 tonnes de matières premières vouées à l’enfouissement que la PME transforme en tables à pique-nique, bacs à fleurs, bancs, etc.

Une rencontre déterminante

Cela faisait déjà des années que Marcel Bergevin tentait de trouver la recette parfaite pour faire du béton écologique. « On essayait toutes sortes de plastiques, on a fait beaucoup d’essais-erreurs », raconte-t-il. C’est lorsqu’il fait la rencontre de Gilles Venne, vice-président d’Éco-Captation – une entreprise des Basses-Laurentides qui fait la récupération du polystyrène par l’intermédiaire des écocentres –, qu’il réussit à concevoir la recette parfaite. « Lui, il est capable de densifier le polystyrène et de le fractionner de la façon dont on a besoin », explique-t-il.

C’est donc avec le polystyrène recyclé que Simax arrive à obtenir un béton assez solide pour fabriquer sa gamme de mobilier urbain. Avec les quelque 18 500 tonnes de polystyrène qu’Éco-Captation récupère chaque année, la PME des frères Bergevin, qui est équipée pour faire de la production de masse, n’a pas à craindre une rupture de matière première. En plus, si un meuble conçu par Simax se brise, l’entreprise est capable de le broyer et de le réutiliser.

Un grand défi

Le mobilier urbain écologique conçu par Simax est vendu à certaines villes, municipalités, entreprises privées et commissions scolaires, mais la demande de masse se fait encore attendre, principalement en raison des prix. « Les tables en bois ou en similiplastique sont beaucoup moins onéreuses que nos produits. Par contre, nos produits durent beaucoup plus longtemps, sans entretien, que ceux achetés trois fois moins cher et qu’il faut changer trois fois plus souvent », soutient Marcel Bergevin.

C’est un très grand défi de faire changer les mentalités.

Marcel Bergevin, président de Simax

Si tous les clients que les frères Bergevin ont contactés s’entendent pour dire que le mobilier urbain fait de matières recyclées est génial, la loi du plus bas soumissionnaire fait mal. « Dans les soumissions, ils écrivent Simax ou équivalent, mais il n’y en a pas, d’équivalent ! On est les seuls à faire ça ! », s’exclame Marcel Bergevin.

Selon le président de Simax, il suffirait que le gouvernement instaure un crédit ou une forme de ristourne afin de stimuler l’achat de produits issus du recyclage, ce qui en faciliterait la mise en marché et bouclerait la boucle de l’économie circulaire. « Il y a des ballots, des ballots et des ballots dans les centres de tri. Ce n’est pas normal que ça ne sorte pas, ce n’est pas normal qu’il faille envoyer ça dans un autre pays. La normalité, c’est que le marché s’ouvre et que ça sorte de là. Je ne parle pas juste pour nous, mais pour toutes les entreprises québécoises qui revalorisent les matières destinées à l’enfouissement », dit-il.