« On a été chanceux. » C’est ce que répètent souvent Pierre Vromet et Lyne Tremblay. En discutant finances avec ce couple de sexagénaires retraités, on réalise que la patience, la prudence et la créativité ont joué un bien plus grand rôle dans leur bien-être actuel que la simple chance…

Mariés depuis 39 ans, Pierre Vromet et Lyne Tremblay se sont rencontrés au Centre de réadaptation en déficience physique Lucie-Bruneau, à Montréal, où tous deux occupaient un poste d’éducateur spécialisé auprès d’adultes ayant des handicaps physiques. Ils ne gagnaient pas des millions, mais avaient un « bon » salaire avec des avantages sociaux et un fonds de pension.

Retraite précipitée

À 44 ans, Lyne apprend qu’elle est atteinte d’une maladie dégénérative de la vue. À 50 ans, devenue complètement aveugle, elle est forcée de prendre sa retraite. Grâce aux différentes mesures fiscales auxquelles le couple a droit, cela n’a pas trop d’impact sur sa santé financière.

Il faut attendre six ans, beaucoup d’épuisement et de sérieux calculs pour que Pierre puisse à son tour prendre sa retraite. Il a alors 57 ans. Le couple avait calculé — sans l’aide d’un planificateur ou conseiller financier — qu’il pourrait continuer à avoir le même rythme de vie... ou presque. Le prix à payer : mettre une croix sur les voyages à Cuba. « Mais finalement, on ne les a pas sacrifiés parce que je suis allé faire des ménages ! », s’esclaffe Pierre Vromet. Eh oui ! Le nouveau retraité est devenu « homme de ménage » afin de gagner l’argent nécessaire pour payer les voyages annuels dans le Sud. Pour ce couple qui avait déjà eu une femme de ménage, c’était le monde à l’envers.

À 60 ans, âge auquel il a pu commencer à retirer du Régime des rentes du Québec, Pierre Vromet a arrêté les ménages. « Si tu attends à 65 ans, tu as un peu plus de rentes, mais combien de temps tu vas vivre ? Tu le sais pas ! Je me disais : j’ai 60 ans, je suis encore en pleine forme, c’est là qu’il faut en profiter. »

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Lyne Tremblay et Pierre Vromet

Dépenses prudentes… et judicieuses

En matière de finances, Pierre Vromet et Lyne Tremblay sont plutôt prudents. Pas de folles dépenses, pas de placements à haut risque, un petit coussin pour faire face aux imprévus. Lyne avoue être plus inquiète que son mari : « Je n’ai pas un gros revenu. Moi, les dépenses, c’est toujours un peu stressant. »

Pierre Vromet se remémore l’achat de la première voiture du couple, en 1986, quatre ans après que sa femme et lui sont devenus parents. « C’était une Pony de Hyundai, achetée 7000 $. Lyne était tellement stressée qu’elle pensait qu’on ne mangerait plus ! [rires] »

C’est également à l’initiative de Pierre Vromet que le couple a acheté une propriété, en 1996, alors qu’il venait tout juste de franchir le cap de la quarantaine. Pour ce faire, il a « rappé » des REER.

C’était quand même un investissement dans quelque chose qui ne perd pas de valeur et qui risque d’en prendre. On s’est toujours dit que c’était notre vieillesse.

Lyne Tremblay, à propos de la maison achetée

Vous l’aurez deviné, le couple a pris une hypothèque à taux fixe sur cinq ans, qu’il a religieusement renouvelée.

Le duplex du quartier Ahuntsic qu’il habite encore aujourd’hui est payé en totalité, ce qui allège considérablement le budget. « On a été chanceux, quand même, parce que les taux hypothécaires n’ont fait que descendre. Quand on a acheté, ils étaient à 7 %. Ça, c’est le plus cher qu’on a payé », dit Pierre Vromet.

La récente montée des taux d’intérêt n’inquiète donc pas nos retraités, qui sont néanmoins assommés par le prix actuel des maisons et des loyers. Conscients que leur propriété leur apporte la paix d’esprit, ils se demandent comment certains jeunes pourront faire pour y arriver. « Si le fait de t’acheter une maison, ça fait que tu sors plus, que tu n’es plus capable de t’en aller en voyage, même au Québec, ça ne vaut pas la peine ! », pense Pierre Vromet.

Parlant de voyages…

Récemment, grâce à des héritages, Pierre Vromet et Lyne Tremblay ont fait un voyage de trois semaines en Europe. « Ce n’étaient pas des millions, mais quand même... C’est pas mal pour ça qu’on a pu se payer ce voyage-là », précise Pierre Vromet. « C’est sûr que tant qu’on va être capables, les voyages, peu importe où, vont faire partie de notre vie. On y tient », souligne Lyne Tremblay. À suivre.