Dix ans, ça passe vite lorsqu’on se prépare à prendre sa retraite. Surtout si on souhaite arrêter de travailler autour de 55 ans, comme Patricia Guilbault et son conjoint, Steeve St-Arnaud. Alors qu’ils ont avantage à prévoir suffisamment de fonds pour vivre jusqu’à environ 95 ans, ont-ils oublié des éléments importants ?

Steeve s’occupe de la planification de la retraite du couple. Personnellement, il maximise son régime enregistré d’épargne-retraite (REER) chaque année grâce à de l’épargne systématique et à la contribution de son employeur. Patricia a aussi investi dans son REER et son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) dans les dernières années. Elle a maintenant un fonds de pension qui prend une grosse portion de sa paye. Steeve gère leurs économies dans un portefeuille croissance. Le couple a deux enfants et chacun a un régime enregistré d’épargne-études maximisé.

Patricia et Steeve auront terminé de payer leur maison l’an prochain. Ils ont aussi acheté juste avant la hausse des prix récente un condominium maintenant habité par un membre de la famille. Il sera revendu, tout comme la maison, d’ici 10 ou 15 ans. Le couple possède aussi un chalet où il prévoit habiter à la retraite. À part les hypothèques, il n’a pas de dettes.

Le couple évalue ses dépenses mensuelles à 5000 $ s’il exclut les hypothèques. « Nous pensons avoir besoin du même montant à la retraite, indique Patricia. Nos enfants seront grands et nous n’aurons plus les dépenses liées au travail. Cela nous permettra de dépenser un peu plus en voyages que nous faisons toujours à petit budget. »

Tout de même, elle se demande s’ils ont oublié des éléments importants et si leur projet est réaliste. « Devrait-on commencer à épargner plus, ou envisager de repousser nos retraites de quelques années, ou de travailler à temps partiel ? »

Profiter des avantages de la frugalité

Beaucoup de gens vivent au-dessus de leurs moyens, mais ce couple vit plutôt sous les siens, remarque d’emblée Sébastien St-Hilaire, gestionnaire de portefeuille dans l’équipe Leblanc Martineau St-Hilaire de Valeurs mobilières Desjardins.

« Leurs comportements frugaux les ont menés dans une situation confortable, avec un très bel actif, très peu de dettes et en plus, ils ont l’air très heureux de leurs choix. »

Faire un budget

Le couple aurait toutefois intérêt à se faire un budget détaillé. « Ils doivent savoir avec le plus de précision possible de combien ils ont besoin en ce moment et lorsqu’ils seront retraités », affirme Hadi Ajab, planificateur financier indépendant et représentant en épargne collective rattaché à Services en placements PEAK.

Ils doivent penser à des dépenses qui pourraient devenir importantes, notamment en rénovations des propriétés et en soins de santé, sans négliger l’inflation.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Hadi Ajab

Si le couple sous-estime ses dépenses de 100 $ par semaine à la retraite, cela fera une différence de plus de 200 000 $ net en 40 ans. S’ils sortent cet argent de leurs REER avec un taux d’imposition d’environ 30 %, cela correspond à 300 000 $.

Hadi Ajab, planificateur financier indépendant et représentant en épargne collective rattaché à Services en placements PEAK

Prévoir les pensions gouvernementales

Le couple devra aussi penser au Régime de rentes du Québec (RRQ) et à la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV).

« C’est certain qu’une personne qui prend sa retraite à 55 ans sera pénalisée parce qu’elle n’aura pas pu cotiser pour les 40 années qui entrent dans le calcul de ces régimes, précise Hadi Ajab. Pour faire augmenter leurs rentes, Patricia et Steeve pourraient les demander plus tard qu’à 65 ans : s’ils les reportent de cinq ans, elles augmenteront chacune de 36 %. Mais, pendant ces années, ils devraient toucher d’autres actifs, alors il faut voir ce qui est le plus avantageux. »

Avoir des liquidités

Trouver la meilleure façon de financer les premières années à la retraite du couple est un élément important.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Sébastien St-Hilaire

Piger dans ses économies lorsqu’on est jeune coûte plus cher que lorsqu’on est vieux, parce que l’argent retiré ne produira pas d’intérêt composé pour les années à venir.

Sébastien St-Hilaire, gestionnaire de portefeuille dans l’équipe Leblanc Martineau St-Hilaire de Valeurs mobilières Desjardins

Le couple pourrait par exemple transformer une portion de ses économies en liquidités ou en placements à revenu fixe, ou encore, acheter une rente.

« On parlait moins des rentes dans les dernières années en raison des taux d’intérêt anémiques, mais maintenant que les taux sont à la hausse, elles redeviennent plus intéressantes », remarque Hadi Ajab.

Penser à la fiscalité

Le couple doit aussi penser à la fiscalité. Les profits de la vente de la résidence principale ne seront pas imposés, mais ceux des autres propriétés le seront.

« Normalement, on désigne la propriété qui a gagné le plus de valeur comme la résidence principale, qui sera certainement la maison dans leur cas, indique Hadi Ajab. Ils désigneront ensuite une autre propriété comme résidence principale, mais au moment de la vente, ils payeront de l’impôt sur les profits réalisés les années où elle était leur résidence secondaire. »

Ils devront ensuite voir quel sera le meilleur moment pour vendre en regardant l’évolution du marché immobilier. « Pour les résidences secondaires, ils devront aussi penser à vendre une année où ils auront peu de revenus imposables », indique Sébastien St-Hilaire.

« Pour prévoir leur retraite qui tiendra compte des éléments financiers, fiscaux et de leurs besoins en assurances, le couple a besoin d’une planification financière détaillée, affirme Hadi Ajab. C’est ainsi qu’il pourra prendre les meilleures décisions pour sa retraite. »