Désirant poursuivre sa croissance, notamment en Europe, la direction d’Agendrix mise sur sa plus grande ressource, ses employés. Salaires élevés, avantages très généreux et transparence sont l’apanage de cette PME techno de Sherbrooke, dont le taux de rétention frôle la perfection depuis sa fondation en 2015.

Chez Agendrix, où les embauches se font au compte-goutte, un employé au bas de l’échelle touchera minimalement un salaire de 50 000 $ par an. Pour les autres (développeurs, cadres, etc.), la paie oscille, selon l’expérience, entre 80 000 $ et 105 000 $ annuellement. Et ce, pour un horaire qui vient de passer de 40 à 35 heures par semaine.

À cela s’ajoutent des avantages qui ont de quoi rendre envieux n’importe quel salarié sur Terre. Des exemples ? Accès illimité à un spa nordique de Magog (avec un invité de son choix !), de même qu’au centre de ski du Mont-Orford. Assurances collectives (dentaire, vie, etc.) payées presque à 100 % par l’employeur. Accès à une plateforme de télémédecine ; quatre semaines de vacances dès l’entrée en poste ; REER collectif ; activités de consolidation une fois par mois pendant les heures de travail, etc.

Mathieu Allaire, PDG et l’un des trois cofondateurs de la PME de 40 employés, n’a pourtant pas l’impression d’être si « généreux ».

« On connaît la valeur d’un départ, dit-il. On aime dormir la nuit en se disant qu’on aura tout fait pour garder une personne dans notre équipe. Cela dit, on ne joue pas la game de la surenchère pour retenir quelqu’un. Un travailleur peut toujours trouver un meilleur salaire ailleurs, mais pas nécessairement un bon milieu de travail. »

Même ma mère n’en revient pas quand je lui montre le package auquel nos employés ont droit. Elle trouve cela étonnant.

Mathieu Allaire, PDG et cofondateur d’Agendrix

Agendrix a développé une application de gestion d’employés permettant la planification des horaires, le suivi des feuilles de temps, la communication et la gestion des ressources humaines. Son service est prisé dans plus de 12 000 milieux de travail au Québec, mais également dans le reste du Canada, en France, en Belgique et en Suisse. En tout, plus de 150 000 employés utilisent l’application de la PME québécoise.

Offrir de généreuses conditions à ses travailleurs ne coûte-t-il pas une fortune à l’entreprise ? « Pas nécessairement, croit M. Allaire. Près de 70 % de notre budget est consacré à la masse salariale. Les avantages ne représentent pas un si gros montant que ça. Dans un souci de transparence, on a justement créé un document Excel pour calculer combien coûtent ces avantages. Ce document est accessible aux employés. »

Est-ce rentable ? Assurément, soutient le patron d’Agendrix. « On n’a pas eu un seul départ volontaire dans les six premières années d’existence de l’entreprise, dit-il. Notre premier départ, c’est une employée qui est partie faire du surf en Nouvelle-Zélande avec son chum. Elle voulait vivre un trip avant de fonder une famille. »

Mathieu Allaire est conscient que le modèle d’affaires d’Agendrix (basé sur des revenus annuels récurrents – actuellement de 7,4 millions – issus d’abonnements) lui permet de mieux planifier ses moindres faits et gestes, et donc d’en offrir autant à ses troupes.

« Dès le début, on a décidé de redonner au lieu de s’en mettre plein les poches, dit-il. Beaucoup d’entreprises font d’autres choix. À mon avis, trop de gens escamotent la culture d’entreprise. Je recommande donc aux PME d’y aller selon leurs capacités. Ça prend une volonté. Ça ne doit pas se faire à contrecœur ni être un “show de boucane”. Il faut être honnête dans sa démarche. Les changements culturels se déploient à petites bouchées. »