Même si le sujet reste tabou dans bien des familles, il est important de parler d’argent avec ses enfants afin qu’ils adoptent de bonnes habitudes financières et fassent des choix judicieux, estiment les experts. Trucs, conseils et outils pour parents avertis.

À 9 ans, Robin a déjà une bonne idée de la valeur de l’argent. Il faut dire que ses parents ont commencé son éducation financière très tôt. « On a commencé par lui parler d’achats, explique sa mère, la productrice Karine Dubois. Il avait environ 3 ans quand j’ai pris l’habitude de lui demander chaque fois qu’on entrait dans la pharmacie au coin de chez nous : “Qu’est-ce qu’on vient chercher ?” »

Elle souhaitait ainsi lui faire comprendre que quand on va acheter du shampooing, on ne va pas acheter des jouets. « C’était aussi beaucoup plus facile de dire non ensuite à ses demandes une fois dans le magasin », ajoute-t-elle.

Depuis qu’il est en première année, Karine et son conjoint lui font part du budget disponible pour un arrêt à la librairie ou encore pour le cadeau de fête d’un ami.

Pour le couple, il est important que Robin et ses deux jeunes sœurs comprennent qu’ils ont de la chance d’avoir des sous. « On mentionne parfois le prix quand on va au restaurant, en vacances ou à l’hôtel pour qu’ils prennent conscience de leurs privilèges », illustre Karine.

L’avenir appartient à ceux qui en parlent tôt

Cette façon de faire a de quoi réjouir Catherine Patenaude, vice-présidente associée, équipe Conseil privilège à distance, à la Banque Nationale. Celle-ci est en effet convaincue qu’on doit parler d’argent « le plus rapidement possible » avec sa progéniture.

Ève Chamberland, conseillère principale en développement – éducation financière chez Desjardins, abonde dans le même sens.

Dès 5 ans, on est capable d’aborder certaines notions financières.

Ève Chamberland, conseillère principale en développement — éducation financière chez Desjardins

Elle suggère par exemple de décortiquer la valeur des différentes pièces de monnaie pour se familiariser avec le concept.

Aux parents qui ne savent pas trop comment aborder le sujet, Karine Dubois y va de ce conseil : commencer avec des choses qui les touchent, comme le prix d’une crème glacée. « Ensuite, on peut parler du lien avec le travail en disant combien d’heures papa ou maman doit travailler pour qu’on se paie une sortie au restaurant. »

Pour briser les tabous, Ève Chamberland croit qu’il faut faire participer les enfants aux décisions familiales, comme la planification des vacances ou l’organisation d’un anniversaire.

L’apprentissage évolue évidemment selon l’âge. Au primaire, l’argent de poche responsabilise les enfants et leur apprend à gérer eux-mêmes le contenu de leur tirelire.

Au secondaire, on commence à faire nos premières transactions, on peut avoir une carte de débit. C’est l’heure d’aborder la protection des renseignements personnels, de rappeler l’importance de l’épargne et de montrer comment faire un budget simplifié.

Ève Chamberland, conseillère principale en développement — éducation financière chez Desjardins

Ressources disponibles

En matière d’éducation financière, les parents ne sont heureusement pas seuls. Divers outils sont présentés pour que les jeunes saisissent les rouages de l’argent. La Caisse scolaire, par exemple, qui existe déjà depuis de nombreuses décennies, permet d’initier les enfants à l’épargne.

« Le programme offre des volets d’accompagnement distincts aux enfants, aux enseignants et aux parents. L’objectif est de comprendre la valeur de l’argent et pourquoi on doit épargner », explique Ève Chamberland. Des activités et des vidéos sur différents thèmes sont aussi offerts.

Desjardins propose également Mes finances, mes choix, un programme bâti pour les 16 à 25 ans afin de développer leur autonomie financière. « Il y a 17 modules à explorer. Ça aide à faire des choix sans jugement », précise la spécialiste.

La Banque Nationale, en collaboration avec la Fondation canadienne d’éducation économique, compte aussi des ressources sur son site web. « Pour les jeunes du secondaire, on a La littératie financière 101. On a une chaîne YouTube et un partenariat avec Urbania », remarque Catherine Patenaude.

Même si tous les parents n’ont pas l’âme d’un conseiller financier, c’est en commençant tôt que les bonnes habitudes se prennent. Karine Dubois peut en témoigner. « La dernière fois, mon fils m’a demandé en entrant dans un magasin quel était son budget. Il m’a ensuite demandé quel était son budget de temps pour choisir. Là, je me suis dit que l’élève avait dépassé le maître. »