En cette période d’incertitude, bien des gens aimeraient, avec raison, se faire accompagner par un planificateur financier. Mais ces professionnels du conseil financier sont-ils en nombre suffisant au Québec ? La Presse a fait le point avec Chantal Lamoureux, présidente-directrice générale de l’Institut québécois de planification financière (IQPF).

Pénurie de main-d’œuvre

À l’IQPF, on fait le constat que le secteur de la planification financière fait, comme bien d’autres, face à un problème de pénurie de main-d’œuvre qui, bien qu’il ne soit peut-être pas criant pour l’instant, risque de s’aggraver si le recrutement n’augmente pas, indique Chantal Lamoureux.

En juin, l’Institut signalait la réussite de 244 Québécois à la formation professionnelle qu’elle offre et qui mène au titre de planificateur financier, soit le même nombre que l’année précédente. Et ce nombre vient à peine combler les départs à la retraite, ou pour toute autre raison. Depuis 2013, bon an, mal an, on compte environ 5000 planificateurs financiers en exercice au Québec. « Nul doute que l’impact démographique touche le secteur », dit Chantal Lamoureux, qui note que près de 40 % des planificateurs financiers sont âgés de 50 ans et plus.

Des conditions intéressantes

Pourtant, la profession offre de bonnes conditions de travail. Plus de 60 % des planificateurs financiers retirent de leur emploi des revenus annuels de plus de 100 000 $. Et les types d’emploi sont variés. Les institutions financières embauchent actuellement 40 % des planificateurs, et les autres sont travailleurs autonomes ou attachés à des cabinets de gestion de patrimoine ou d’assurance.

La profession souffre de ne pas être plus connue, souligne la PDG de l’IQPF.

Beaucoup de gens croient qu’il ne s’agit que de finance et de chiffres, mais ils ne réalisent pas qu’il y a aussi un aspect humain très important.

Chantal Lamoureux, présidente-directrice générale de l’Institut québécois de planification financière

Pour faciliter l’accession à la profession, l’IQPF offre en plus de son programme habituel un programme de formation exécutif qui peut se faire entièrement de façon virtuelle. Il comporte six modules qui se terminent chacun par un examen auquel les candidats sont soumis. Pour quelqu’un qui a la formation générale nécessaire, soit un baccalauréat, le programme peut être suivi en l’espace d’un an.

Une destination dans un contexte difficile

Les bouleversements sur la scène économique n’ont pas manqué au cours des dernières années. Pandémie, fermetures d’entreprises de toutes sortes, pertes d’emploi, inflation, taux d’intérêt, et c’est sans compter la chute abrupte et inquiétante des marchés boursiers.

Tous ces problèmes permettent de mettre en lumière ce qu’est la planification financière et comment elle vous aidera à tirer votre épingle du jeu, explique Mme Lamoureux.

La planification financière, c’est se donner une destination, que ce soit en vue de la retraite, des études des enfants, de l’achat d’une propriété, ou encore l’objectif de devenir travailleur autonome.

Chantal Lamoureux, présidente-directrice générale de l’Institut québécois de planification financière

La question des placements est certes au premier plan des préoccupations de beaucoup, mais Chantal Lamoureux rappelle qu’ils sont un moyen et non pas une finalité, et que l’on ne contrôle pas l’évolution des marchés financiers. Ce qu’il faut apprendre, c’est maîtriser ses émotions, et c’est à ce chapitre que l’appui d’un planificateur financier devient un atout important, selon la PDG.

La paix d’esprit

Le message qu’elle veut envoyer, c’est que se faire accompagner par un planificateur financier permet d’atteindre la paix d’esprit.

« Le planificateur financier fera le tour de l’ensemble de la situation, et en intégrant le tout, il facilitera la prise de décisions, dit-elle. Le planificateur financier peut faire une différence dans la vie des gens. Quand on prend le contrôle de la situation, on se sent beaucoup mieux. »