Afin que l’industrie de l’aluminium puisse continuer à être compétitive ici et ailleurs, il faut agir sur différents fronts qui ont été ciblés dans les dernières années par un travail d’analyse d’AluQuébec, la grappe de l’aluminium. Elle vient de créer le chantier de l’Aluminerie de l’avenir pour faire le suivi et s’assurer de la mise en œuvre de ces actions. Voici quatre de ses priorités.

Automatisation

L’industrie de l’aluminium ne vit pas dans un monde parallèle : elle doit composer avec la pénurie de main-d’œuvre actuelle au Québec. L’automatisation est une partie de la solution. « Elle permet de réduire la main-d’œuvre sur le plancher et d’augmenter la productivité », indique François Racine, président-directeur général d’AluQuébec. L’un des projets importants du chantier est celui du centre de coulée de l’avenir qui transforme et met en forme l’aluminium liquide. « Deux équipementiers et Rio Tinto sont en train de développer une technologie d’automatisation et de fonctionnement autonome pour permettre de développer un centre de coulée hyperconnecté qui fonctionnera avec l’intelligence artificielle », ajoute-t-il. Ce projet sert à faire la démonstration de technologies qui pourront ensuite être commercialisées par les équipementiers.

Cybersécurité

Avec des équipements qui récoltent une foule de données et qui communiquent entre eux, la question de la cybersécurité vient rapidement. « Il faut sensibiliser et former les gens dans les entreprises par rapport aux enjeux de cybersécurité pour protéger l’industrie », affirme François Racine. Sur ce sujet de l’heure, AluQuébec a décidé de travailler en collaboration avec Aéro Montréal, la grappe aérospatiale, qui vit des enjeux semblables.

Recyclage

Réduire l’empreinte environnementale est aussi une priorité. La question de la gestion et de la valorisation des rejets de même que celle du recyclage postconsommation sont importantes. « Au Québec, le taux de récupération de l’aluminium est d’environ 60-65 %, ce qui est bon par rapport à d’autres matériaux, mais nous voulons l’augmenter pour atteindre 100 % », affirme François Racine. Pour y arriver, il faut agir sur plusieurs fronts, comme les producteurs primaires, les transformateurs, en plus d’augmenter les points de collecte et développer de nouvelles technologies. On remarque déjà des avancées. Rio Tinto a annoncé récemment la construction d’un centre de recyclage de l’aluminium postconsommation, à Arvida. « C’est un projet très important pour l’industrie et nous espérons qu’il y aura d’autres annonces du genre pour réduire l’enfouissement des résidus d’aluminium et l’empreinte carbone de l’industrie », indique le PDG d’AluQuébec.

Traçabilité

Alors que l’aluminium produit ici avec l’hydroélectricité est beaucoup plus vert que celui produit à partir de charbon, il faut s’assurer de pouvoir mettre cet avantage concurrentiel de l’avant. Pour que cela soit possible, il faut mettre en place un système de traçabilité. Pour y arriver, AluQuébec travaille avec OPTEL, une entreprise de Québec spécialisée dans le développement de projets de traçabilité à l’échelle mondiale. « Il faut pouvoir marquer l’aluminium d’ici dans toutes les étapes de transformation, indique François Racine. Ainsi, les entreprises qui achèteront ces produits pourront dire qu’elles utilisent l’aluminium avec la plus faible empreinte carbone. » Ce projet en est à sa première phase, avec les producteurs. Il faudra ensuite impliquer les transformateurs.