Les fonds négociés en Bourse, qui constituent une solution de placement relativement simple et peu coûteuse, ont la cote auprès des jeunes investisseurs. Alors que la Bourse s’avère fort imprévisible et que les risques de récession montent, deux experts y vont de leurs conseils.

Est-ce que les fonds négociés en Bourse (FNB) sont une bonne solution de placement pour les jeunes investisseurs ?

« Certains sont excellents, d’autres sont plutôt néfastes. C’est la même chose pour les actions ou les fonds communs de placement », estime Jean-René Ouellet, stratège d’investissement et gestionnaire de portefeuille chez Desjardins. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le FNB n’est pas une fin en soi. »

Bref, les saines règles d’investissement s’appliquent aux FNB tout comme à n’importe quel véhicule de placement.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Catherine Patenaude, vice-présidente associée, Équipe Conseil privilège à distance à la Banque Nationale

Catherine Patenaude, vice-présidente associée, Équipe Conseil privilège à distance à la Banque Nationale, remarque pour sa part que pour les jeunes investisseurs, il s’agit de leur première expérience avec des marchés aussi volatils. « C’est complexe, il y a plusieurs facteurs qui ne sont pas sous notre contrôle. Ça peut être intimidant. » Elle ajoute néanmoins que sur une période de 30 à 40 ans, on traverse nécessairement plusieurs cycles économiques. C’est donc normal de passer par quelques zones d’incertitude.

Quels critères les jeunes investisseurs devraient-ils considérer avant de choisir leurs placements ?

« L’appât du gain à court terme amène souvent les jeunes à trop se concentrer sur les secteurs qui ont bien performé dans les dernières années et qui sont en forte croissance, comme les technologies », constate Jean-René Ouellet. Il suggère plutôt de prendre des véhicules de placement diversifiés, qui sont spécialisés dans chacune des classes d’actifs et dans différents marchés.

« Bien que ce soit difficile de prévoir les chocs à court terme, il faut anticiper les fluctuations sur les 10 prochaines années », ajoute-t-il.

On en revient encore une fois à la fameuse tolérance au risque, selon lui. « Celle-ci se mesure dans l’investissement en pourcentage et dans la vraie vie, en dollars. Combien je peux perdre ? Perdre 20 %, ça a quelque chose d’intangible. Mais perdre 20 000 $, c’est plus concret. En l’illustrant en dollars, ça permet par exemple de voir combien d’années j’ai épargné pour ce montant ou quelle proportion de mon héritage ça représente. »

Quels seraient vos conseils pour les jeunes investisseurs dans le contexte actuel ?

« Surtout ne pas capituler ! », répond Jean-René Ouellet. « Les jeunes ont la chance d’avoir le temps de leur côté. Ils peuvent laisser à leur capital le temps de rebondir. Ce n’est pas forcément le cas pour un investisseur qui est à la veille de la retraite. Ceux-ci ont des choix drôlement plus difficiles à faire. »

L’expert remarque que les jeunes veulent généralement faire leurs propres expériences, leurs propres essais et apprendre de leurs erreurs. « Les erreurs en termes de gestion de placements sont toutefois assez significatives, et ce, pendant longtemps. Les investisseurs autonomes devraient profiter de cette période de turbulences pour s’asseoir avec un planificateur financier afin d’élaborer un plan de match. Si les experts ne sont pas disponibles, on peut lire sur le sujet, en parler à ses parents, à son entourage. »

Catherine Patenaude abonde dans le même sens. « On évite les approches tout ou rien. La diversification est essentielle dans ce contexte. Il faut aussi se concentrer sur ce qu’on contrôle : notre taux d’épargne, nos dépenses, notre profil de risque et, dans la mesure du possible, nos émotions. Les petits conseils peuvent faire une grande différence. Rencontrer un conseiller est sûrement ma principale recommandation pour lancer les habitudes financières du bon pied. »