Ontario, Californie, Nevada… difficile d’attraper l’entrepreneur Normand Leblanc ces dernières semaines. La raison est bien simple : après 13 ans d’existence, l’entreprise repentignoise Drago-ISI entre enfin dans la phase de commercialisation d’un nouveau canon à eau beaucoup plus efficace contre les incendies.

Moins d’eau et plus rapide

La particularité du canon de Drago-ISI est qu’il rejette des microgouttelettes, à l’image d’une bruine. Ces dernières englobent l’oxygène, ce qui permet de maîtriser un incendie de cinq à dix fois plus rapidement qu’avec l’équipement standard, selon l’entreprise. Autre avantage, il utilise trois fois moins d’eau que les lances d’incendie traditionnelles. « Le canon permet d’absorber 75 % de la chaleur, abaissant ainsi la température du feu et son intensité. Ce principe de combat des incendies avec des microgouttelettes est connu et utilisé en Europe, mais pas ici », explique Normand Leblanc.

Un outil pour les gros incendies

Véritable force de frappe pour assommer un feu, l’outil est idéal pour combattre les gros brasiers qui pourraient sévir dans des entrepôts, des fermes, des champs, des installations pétrolières, etc. « Au même moment où l’on arrose les flammes, on peut protéger deux ou trois bâtiments adjacents. Ce système ne défonce pas non plus des murs et est moins dommageable pour l’environnement bâti », explique l’entrepreneur.

L’entreprise propose trois modèles : le module Drago, la remorque Dragi et le camion d’incendie comprenant le Drago et le spider qui peuvent projeter efficacement eau/air ou eau plus un agent encapsuleur ou de la mousse. Fonctionnant avec un système à distance, le canon se veut aussi plus sûr pour les pompiers. « Oui, le canon peut être aussi efficace que quatre pompiers, mais son but n’est pas d’éliminer des emplois, mais de sécuriser cette profession. On veut éviter des blessures », tient à rassurer l’ancien pompier, qui a travaillé dans ce domaine pendant 20 ans.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE DRAGO-ISI

L’objectif de Drago-ISI est de vendre entre 200 et 250 unités par an.

Un long chemin

Entrepreneur dans l’âme, Normand Leblanc a racheté l’entreprise Drago-ISI en 2018, neuf ans après sa fondation. « Je fais partie d’Anges Québec, je possède neuf compagnies dans des domaines aussi variés que la restauration, la chasse et la pêche, etc. Je voyais le potentiel d’un tel produit et je pense même que cela a le pouvoir de devenir le Lion des incendies », explique l’homme d’affaires. Le chemin vers la commercialisation a toutefois été long et semé d’obstacles, puisqu’il aura fallu plus d’une dizaine d’années d’efforts, la construction de quatre prototypes de remorques, l’investissement de plusieurs millions de dollars avant que la machine commence à porter ses fruits. Des sommes qui commençaient à peser lourd pour l’homme d’affaires, même s’il était bien entouré. « Tous les prototypes ont été brevetés, on a toutes les certifications, même celles du pétrole. La vente ce mois-ci de deux unités en Ontario a été une bouffée d’air frais pour l’entreprise. »

Attaquer le marché américain

L’objectif de Drago-ISI est de vendre entre 200 et 250 unités par an. En ce moment, l’entreprise est capable de répondre à une cadence de 120 à 144 par an. « Nous faisons affaire avec beaucoup de sous-traitants et tout l’assemblage se fait à notre entrepôt de Repentigny. Je ne rejette pas l’idée de bâtir une usine s’il le faut pour répondre à la demande », affirme l’entrepreneur.

La prochaine étape est donc cruciale et consiste à convaincre le marché américain des avantages de son canon qui se détaille 200 000 $. « Les États-Unis sont 11 fois plus gros que le Canada dans ce domaine et leurs normes font en sorte qu’ils changent leurs équipements tous les 10 ans. Tandis que chez nous, on les change tous les 25 ans. Il faut donc aller vers les gros marchés », soutient-il.