Connaître du succès avec un produit novateur, écoresponsable et approuvé par le secteur hyperréglementé de l’aérospatiale est plus difficile qu’il n’y paraît. Depuis deux ans, Limz vante les mérites de son nettoyant dégraisseur écologique Aeroclean auprès des grands donneurs d’ordres et des sous-traitants tous azimuts. Manque de pot : l’industrie semble avoir la tête ailleurs ces temps-ci, déplore Toby Gauld, PDG de la PME.

« Plusieurs entreprises d’ici et d’ailleurs connaissent notre nettoyant dégraisseur et se sont montrées intéressées. Mais il n’y a pas cette volonté d’apporter des changements en profondeur pour remplacer les produits plus corrosifs utilisés actuellement. Notre innovation est plus longue à faire adopter. On cherche des porteurs de ballon. »

Notre objectif est de voir notre produit intégré dans les manuels de maintenance des entreprises en aérospatiale. Ce serait notre coup de circuit. Plus on aura de petites entreprises qui adoptent notre produit, plus on aura d’ambassadeurs.

Toby Gauld, PDG de la PME Limz

L’enjeu de l’heure

L’enjeu de l’heure en aérospatiale, dit l’homme d’affaires, repose principalement sur la décarbonation. Les carburants sont donc au cœur des préoccupations de tout le monde, résume-t-il. Avant la pandémie, le secteur de l’aviation représentait environ 2 % des émissions globales de carbone, selon AeroMontréal.

Pour l’organisation qui représente le secteur montréalais, l’industrie aérospatiale veut accélérer la décarbonation de son secteur à l’échelle planétaire. Concrètement, par rapport à 2005, elle veut réduire de 50 % les émissions de CO2 d’ici 2029.

Toby Gauld en est conscient : faire adopter un nouveau produit dans les activités quotidiennes d’une entreprise nécessite du temps, de l’argent et beaucoup de ressources. Or, comme la pénurie de main-d’œuvre sévit toujours, les entreprises n’ont d’autre choix que de revoir leurs priorités, aussi écoresponsables soient-elles.

Pourtant, l’Aeroclean, le produit phare de Limz, a tout pour plaire. Ce nettoyant dégraisseur remplace entre autres l’hydroxyde de sodium (ou soude caustique) contenu dans les produits actuellement utilisés par l’industrie aérospatiale. Et il est tout aussi efficace, sinon davantage, selon la PME.

Ce produit biodégradable, explique Toby Gauld, sert notamment à nettoyer le carbone durci sur les pièces de moteur et à enlever la rouille de surface. On l’utilise par le truchement de bains de trempage ou sous forme de vaporisateur. Il fonctionne sur les surfaces ferreuses et non ferreuses.

L’Aeroclean a été testé et certifié par le Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ). Il est reconnu par l’OCDE et a été approuvé par Transports Canada. « Il est sans danger pour la peau, affirme le PDG. L’utilisation de ce produit dépasse le secteur de l’aéronautique. Les possibilités sont donc infinies. »

Croissance en vue

Limz a des représentants aux États-Unis, où elle tente également de faire mousser son produit. L’Aeroclean est produit dans les laboratoires d’un sous-traitant québécois. À terme, si elle fait une percée chez l’Oncle Sam, voire en Europe et en Asie, la PME québécoise y fera fabriquer son produit, car exporter du liquide coûte une fortune, rappelle Toby Gauld.

Limz a vu le jour en 2020 parce que M. Gauld cherchait une solution écologique pour son autre entreprise, Optima Aéro, qui achète des hélicoptères entiers et les remet à neuf avec l’aide de sous-traitants. Il s’est donc associé avec le couple Émile Arseneault et Nicole Michaud, qui a inventé l’Aeroclean, mais aussi un désoxydant écoresponsable.

Une entreprise française dans le secteur chimique s’intéresse beaucoup à Limz ces temps-ci. Elle aimerait d’ailleurs acheter la PME québécoise. « On pourrait le faire, mais ce serait un aveu d’échec. On se donne encore du temps pour faire connaître notre produit », dit le chef d’entreprise.