L’entreprise lavalloise Bedcolab a investi près de six millions de dollars au cours des cinq dernières années pour entreprendre le virage vers une usine 4.0 et augmenter sa capacité de production. Une stratégie basée sur la prudence, afin de faire face aux nombreux défis de son industrie.

Spécialisée dans la conception, la fabrication et la mise en place de mobiliers de laboratoire et de hottes pour des centres de recherche, des universités, des entreprises pharmaceutiques et des multinationales comme Pepsi, Bedcolab évolue dans un marché de niche. Les entreprises concurrentes ne sont pas nombreuses, mais les enjeux sont énormes. « On fait environ 150 projets par an, et ce n’est jamais la même chose. Notre carnet de commandes est plein jusqu’en 2023, mais on ne sait pas ce qui s’en vient. Nos clients, ce sont les entrepreneurs, et on ne tolère aucun retard de livraison pour ne pas retarder les chantiers », affirme Stéphane Lefebvre, directeur général de l’entreprise.

Le CUSM, le CHUM et Dow Chemical

En 2012-2013, Bedcolab a travaillé sur les projets du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), où les défis ont été nombreux. Une fois cette période turbulente passée, l’entreprise s’est attaquée au contrat du plus grand laboratoire jamais construit en Amérique de Nord, le centre d’innovation de Dow Chemical à Lake Jackson, au Texas. Encore une fois, les défis ont été multiples, mais ils ont surtout été porteurs d’une réflexion et d’une refonte organisationnelle.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Stéphane Lefebvre, directeur général de Bedcolab

On a développé un plan stratégique pour éviter les montagnes russes dans nos ventes et éliminer les arrêts de production de l’usine. On a intégré de nouveaux distributeurs. Résultat, notre marché a changé, nous sommes passés de 20 % de notre chiffre d’affaires aux États-Unis à 65 %.

Stéphane Lefebvre, directeur général de Bedcolab

Investir dans l’humain et les machines

Les perspectives d’une récession, l’envergure des projets et surtout le besoin d’une main-d’œuvre spécialisée sont les autres moteurs des changements qui sont survenus. « Lors de notre première phase, on a investi dans le capital humain, que ce soit sur le plan de l’embauche, de la formation, de l’amélioration des espaces, etc. », explique le directeur général.

Prochaine étape, l’usine 4.0

Après l’humain, Bedcolab s’est concentrée sur automatisation. Depuis 2018, elle a fait l’ajout d’un premier robot collaborateur, d’une plieuse de « panneaux servo-électriques » et a effectué une refonte de ses infrastructures numériques. « Avant, on ne pouvait tout simplement pas envoyer nos employés en télétravail en raison des enjeux de cybersécurité. Deux mois avant la pandémie, cela aurait été même impossible. On a investi juste à temps, mais cela représente beaucoup de travail. C’est un peu comme mettre du carburant dans un avion en marche », illustre le dirigeant.

Entreprise familiale, Bedcolab peut compter sur l’apport d’une troisième génération qui évolue au sein de l’organisation. Celle-ci a de grands projets, comme l’agrandissement de l’usine de 25 000 pi⁠2. Un investissement estimé à plus de deux millions de dollars. « On attend les permis et on espère faire la première pelletée de terre en 2023 », affirme Stéphane Lefebvre.

En attendant, Bedcolab continue d’investir, alors que son marché est en croissance. « D’autres investissements seront nécessaires pour augmenter davantage notre capacité de production et pour réduire notre dépendance aux métiers voués à disparaître. On ne manque pas de clients, mais on veut équilibrer notre portefeuille de produits. Cela veut dire se diriger vers la prochaine étape, l’usine 4.0 où les systèmes informatiques vont être totalement intégrés pour nous permettre de fonctionner en continu. »